Résumé: Savez-vous pourquoi certains fromages ont des trous ? Ce qui fait qu'un bon Comté est certifié AOC ? Ou de quelle vache provient le lait dont il est issu ? Fred Bernard non plus.
Mais en grand curieux de nature - et amateur des bonnes choses -, il décide avec ces Chroniques de la fruitière de répondre à ces questions dans un voyage au pays du Comté.
Ainsi, par le biais d'anecdotes historiques, de témoignages et d'observations personnelles, l'auteur, en reporter candide, relate les secrets de ce fromage emblématique de l'est de la France, de son histoire à ses techniques d'affinage, en passant par ses critères d'appellation ou sa méthode de distribution...
En bref, après Chroniques de la vigne, un nouvel ouvrage rafraichissant qui nous permet de découvrir, avec tendresse et humour, un autre fleuron de notre patrimoine gastronomique.
U
n peu de fromage pour accompagner le vin ? C’est sans nul doute une phrase que Fred Bernard a dû entendre un certain nombre de fois quand l’idée lui est venue de donner une suite à ses Chroniques de La Vigne parues il y a un peu plus de trois ans. De ses terres natales de Bourgogne aux paysages vallonnés du Jura et du Doubs, il n’y a finalement qu’un pas que l’auteur des Aventures de Jeanne Picquigny n’a pas hésité à faire pour plonger dans les secrets de la fabrication de l’un des fleurons de la gastronomie française, le Comté.
Est-il possible d’allier didactisme, plaisir et émotions en évoquant un fromage ? La réponse, peu évidente au premier abord, devient une certitude après avoir parcouru Les Chroniques de La Fruitière. Le tempo choisi est celui du rythme des saisons, des qualités organoleptiques du lait, en passant par la traite des vaches et au savoir-faire du fromager, suivi de près par celui de l’affineur, jusqu’à la commercialisation du produit fini. Fred Bernard est un conteur, mais aussi un véritable chef d’orchestre quand il s’agit de mettre en musique la transmission de connaissances. Une quantité impressionnante d’astuces narratives parsèment l’album et rendent sa lecture à la fois amusante et sacrément intéressante : une signature très expressive en bas des pages façon « Franquin », des dialogues savoureux avec un grand-père – une nouvelle fois – très présent, une succession de planches très chargées en explications et d’autres, au contraire dépouillées, permettant de poser le regard un peu plus longtemps sur un paysage.
Certaines collections récentes proposant une vulgarisation scientifique devraient sans doute s’inspirer de cet ouvrage. Il ne suffit pas de réunir un grand dessinateur et un illustre spécialiste, il faut surtout savoir insuffler une âme à un sujet pour qu’il devienne passionnant.