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ernier épisode d’un scénario initialement destiné à la télévision, Nuit étoilée permet à Chimère de cicatriser ses blessures et de refermer toutes les portes !
Il est désormais révolu le temps où cette gamine vendait sa virginité aux enchères. Il faut dire que, de nos jours, faire entrer une enfant dans un bordel, il n’y avait que Georges Lévis qui avait osé, mais c’était avant ! Toutefois le registre de Melanÿn et Christophe Pelinq est bien différent et le destin de la fillette se tisse avec celui des grands hommes du moment et des affaires de l'époque. Ainsi en est-il de la fin des rêves panaméens de Ferdinand de Lesseps, des débuts du cinéma ou de la mort prématurée d’un peintre maudit qui deviendra - quelques décennies plus tard - la figure emblématique du postimpressionnisme. Si la vie de Chimère n’est que pure fantaisie, elle a pour toile de fond le film de ce XIXe siècle qui tire à sa fin.
Sur cette série aux dialogues denses et aux décors chargés, Vincent réussit à apporter de la légèreté à un récit qui ne l’est pas. Marqué par un trait anguleux semi-réaliste qui tourne toujours imperceptiblement vers la caricature, ses planches permettent aux séquences de s’enchaîner avec une aisance travaillée et à Morgil de mettre joliment en couleurs le scabreux comme le sordide.
Autrefois victime, hier coupable, la jeune tenancière de la Perle Pourpre trouve aujourd’hui la force de pardonner et de tout effacer, comme si rien n’avait existé… Un happy-end réjouissant et un tantinet facile, mais après tout pourquoi Chimère n’aurait-elle pas droit, elle aussi, à sa part de bonheur ?