Résumé: Dans les semaines suivant l’explosion de la centrale de Tchernobyl, des équipes de chasseurs sont envoyées dans les zones contaminées pour exterminer tous les
animaux sauvages et domestiques touchés par les radiations. Attiré par des bruits provenant d’une église, le jeune Kolia, que son père chasseur a invité à participer à la battue, découvre une tribu de gamins vivant dans les sous-sols de la ville : les enfants de l’atome. Ils ont survécu à la catastrophe et tentent maintenant de survivre aux jours sans lendemain.
A
ccepté chez les « enfants de l’atome », Kolia peut enfin souffler. Peu à peu, il découvre les us et coutumes de cette petite tribu d’orphelins qui a trouvé racine au sein de la centrale délabrée. À l’extérieur, son père ne l’a pas oublié, mais les choses ne sont pas simples. Les différentes bandes œuvrant dans la zone interdite se livrent une guerre sans merci pour s’accaparer les maigres ressources du lieu.
Aurélien Ducoudray clôt Les Chiens de Pripyat dans Les enfants de l’atome. Fable post-apocalyptique nullement de science-fiction – pour rappel, les événements se déroulent en Ukraine quelques mois après la catastrophe de Tchernobyl -, offre une vision très romanesque de l’endroit et de la manière dont les survivants ont dû se débrouiller pour survivre. L’idée est originale, la distribution haute en couleur et le rythme très soutenu. Par contre, en y regardant de plus près, le scénario révèle rapidement plusieurs défauts. Principalement, malgré leurs petites histoires respectives, les protagonistes ne sont guère pertinents, tandis que l’alternance systématique de moments chocs et de tendresses ne repose sur rien de très concret. Une fois l’instant passé, pschitt, il est déjà évaporé. Résultat, dès l’album refermé, c’est comme si rien n’était vraiment arrivé.
Christophe Alliel a dû lire Akira étant jeune et le style de Katsuhiro Otomo est resté. Il y a pire comme influence, surtout que celle-ci est admirablement intégrée à un découpage 100 % franco-belge. Décors ultra-fouillés, personnages croqués « dans leur jus » et un sens du mouvement appréciable, le dessinateur a également été inspiré par les pérégrinations de Kolia et ses nouveaux amis. Il est idéalement accompagné dans sa tâche par Magali Paillat dont les couleurs franches du collier – le final nocturne noir et sang est terrifiant à souhait – se posent naturellement sur ces planches pleines d’énergie.
Âpres, passablement violent et sans pitié, Les Chiens de Pripyat est plombé par un propos juste trop caricatural pour convaincre totalement. Heureusement, le très bon travail graphique de Christophe Alliel sauve la donne grâce à sa précision et un certain panache.
Les avis
Saigneurdeguerre
Le 17/10/2020 à 11:29:46
Ukraine. Tchernobyl, quelques mois après l’explosion du réacteur…
Ah, Kolia ! Tu as été adopté par ces enfants qui vivent dans la zone irradiée, ces orphelins que tous ont abandonnés et qui ont réussi à s’organiser pour survivre. Tu te joins à leur petite communauté malgré que tu ne sois pas comme eux… Ou pas encore…
Critique :
Ne lisez pas le deuxième album avant d’avoir lu le premier. Si vous le pouvez, bénéficiez de l’offre « Grand ANGLE » qui vous propose l’achat des deux tomes conjointement.
Aurélien Ducoudray nous propose un scénario qui embrasse beaucoup de thématiques en à peine deux albums, au point que le lecteur ne sait plus trop quel message l’auteur cherche à faire passer. S’agit-il de dénoncer un éventuel abandon d’orphelins par les autorités (chose jamais évoquée dans aucun article de presse) ? Veut-il expliciter l’incompréhension entre un père et son fils, un père voulant que son fils apprenne à survivre dans un univers qu’il juge impitoyable, et un enfant qui est gentil, respectueux des autres, incapable de faire du mal à une mouche et qui ne supporte aucune forme de cruauté ? Tente-t-il de démontrer le peu de confiance qui règne entre adultes dont quelques-uns sont prêts à trahir, voire à tuer, leurs propres compagnons pour obtenir quelques roubles en plus ? Cherche-t-il à attirer l’attention du public quant au manque de respect des humains envers les autres espèces vivantes ? Met-il en évidence les risques du nucléaire ?
C’est un peu tout cela à la fois…
Les dessins de Christophe Alliel, malgré un côté enfantin, mais pleins de vie et d’action, sont bien adaptés au récit et la mise en couleurs de Magali Paillat font bon ménage avec les ambiances créées par le récit du scénariste et les traits du dessinateur.
Malgré les nombreuses thématiques abordées l’histoire se lit très facilement, notamment grâce au rythme très soutenu du scénario.
Je ne crois pas qu’il soit possible de faire confiance à ceux qui affirment que le nucléaire est une industrie sûre… Pas après Tchernobyl ! Pas après Fukushima !