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es éditions Akata proposent Le chien qui voulait voir le Sud au lectorat francophone. Un titre parfaitement adapté à l'esprit de leur catalogue.
Depuis la triple catastrophe du Tohoku, Tamon est devenu un chien errant et il voyage inlassablement vers le Sud. Sur sa route, il rencontre de nombreux laissés-pour-compte de la société : un père de famille poussé au crime, un immigré, une prostituée et un vieillard aux portes de la mort. Mais ce chien ne juge jamais les humains et il pourrait même soigner le cœur de ces âmes meurtries par la vie... Pourtant, malgré les liens qu’il crée au fil de ses rencontres, il ne semble jamais vouloir s’arrêter. Toujours, il avance vers le Sud. Quelle est sa véritable motivation ?
Adaptation du roman à succès de Hase Seishû (pseudonyme de l’écrivain japonais Toshihito Bando) sorti en 2020 et disponible en français auprès des éditions Philippe Picquier, ce drame est ancré dans l'ambiance post-traumatique qui suivit les séismes de 2011. Ceci étant, bien que sorti en 2022, la fin du manga trouve malheureusement un écho dans le drame que l'archipel a connu en début de l'année 2024.
Le mangaka Takashi Murakami assure une partie du scénario mais surtout tout l'aspect graphique. Les otaku le connaissent grâce à ses titres l'oiseau bleu (Ki-oon) et le chien gardien d'étoile (Sarbacane), dans lesquels il montre sa maîtrise du récit dit de tranche de vie, fortement teinté d'un contexte social dramatique, oscillant entre humour et drame.
Ici, l'auteur transmet toute l'essence de son approche artistique. L'intégralité du récit oscille entre désabusement et mélancolie. Au moment où Tamon apparaît, la vie des protagonistes bascule. Le message du livre au sujet de la diversité des situations sociales post-séisme et de la non-résilience de certains apparaît. Le chien devient un témoin silencieux, laissant le personnage humain évoluer à son contact, ce que le dessinateur traduit via un fort travail sur les visages et les expressions corporelles. Le soin apporté aux décors contribue aussi à donner corps au récit. Le seul bémol réside dans le dénouement, quelque peu précipité et qui laisse un goût amer après la lecture.
Avec son ton mélancolique et doux, son dessin expressif, ce one-shot ne manquera pas d'émouvoir.