Résumé: Maraki Zatu est une gamine, une gosse de riche, qui vient de perdre son père adoré. Elle devient l’héritière du clan. Au cours d’une chasse organisée par ses trois voisins, des êtres peureux, lâches et vils, vassaux de son défunt père, son destin bascule définitivement. Ishi, Ni, San tuent un molosse qu’ils croient errant. Son aristocrate de maître les provoque en duel pour réparer leur acte. Bien incapables d’un tel acte de bravoure, ils préfèrent le fusiller. Témoin de la scène, Maraki s’enfuie à cheval, coupant court par le lac gelé, mais les glaces cèdent. Toujours aussi courageux, et chacun entrevoyant un intérêt personnel à ce dramatique accident, les trois amis décident de laisser Maraki se noyer. Sa fille disparue, Kajin, la mère n’ayant plus de protecteur est obligée de céder à ses injonctions pressantes et de se remarier avec Ishi. En ami (loyal pour une fois), celui-ci donne la fortune du défunt mari de Kajin à Ni, qui a le don des affaires pour la faire fructifier ; et à San, son statut de général, qui fera de lui le plus valeureux guerrier du pays. Tout va bien donc.
Mais voilà, Maraki n’est pas morte !
Elle a été sauvée et recueillie par un vieillard ivrogne et détestable. Ancien Shinobi, il lui enseignera l’art de la guerre, en échange de quoi elle le servira en tout, jusqu’au jour « où décrépit, impotent, douloureux, pourri, puant, il lui donnera l’ordre de le tuer ». Et alors, pour la pauvre Maraki qui accepte cette offre qui lui permettra d’assouvir sa soif de vengeance, « aux jours sombres, succèdent les nuits d’enfer : plus vite ! Plus fin ! Plus fort ! Plus haut !... » Des années plus tard, devenue ninja, elle retourne en ville… Pourtant, grâce à l’enseignement du vieux Ukifune, elle est maintenant « à même d’oublier sa haine, sa soif de justice, l’amour de sa mère et toutes les ombres du passé », mais pas cette promesse faite là-bas, au lac de Chambara, à un molosse surgit de nulle part…
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I
l était une fois, dans la vallée de Chambara, trois ambitieux vassaux accompagné par Masaki Satu, la fille de leur suzerain, chassaient le sanglier. Un malheureux accident leur permet de prendre le pouvoir. La belle vie les attend, mais est-ce que la petite princesse a vraiment péri noyée ?
Décidemment Hugues Micol aime changer de registre ! Après le XVIIe siècle d’Alexandre Dumas avec D’Artagnan, les années 50 façon Philippe de Broca dans Les Parques et le "far south" dans Terre de Feu, Le chien de la vallée de Chambara entraîne le lecteur, sous la forme d’une fable, à travers le Japon médiéval. Micol mêle habilement les tenants classiques du genre : usurpation, apprentissage et vengeance. Heureusement, le récit ne se cantonne pas à ces seuls passages obligés. En effet, l’auteur s’est appliqué, en parfaite relation avec les croyances taoïstes et bouddhiques en cours à l’époque, à doter ses personnages de psychologies très approfondies. Ainsi, les trois « méchants » ne se bornent pas à leur seul rôle d’usurpateurs et se révèlent des protagonistes bien plus complexes. De la même manière, la destinée toute tracée de Masaki Satu se révélera plus tortueuse que prévue.
Le scénario ne se limite pas à la mythologie nippone et regorge également de références aux traditions d’autres civilisations. L’ouverture du récit, narrée par des corbeaux, se rapporte aux fables animalières du Moyen-Age. Plusieurs épisodes, telle la traversée du pont suspendu durant laquelle il ne faut se retourner, renvoient aux mythes grecs. Ce procédé, qui aurait pu alourdir la narration, ne gêne absolument pas la lecture tant le scénariste a su les intégrer à la trame générale.
Graphiquement, le résultat est également de très haut niveau. Le traitement en couleurs directes est absolument magnifique. Les tons et les textures sont à la fois riches et recherchés. La construction est également très ambitieuse. Les cases se superposent, s’incrustent, et l’action se décompose à travers les planches. Les grandes illustrations, au style rappelant les estampes japonaises, renforcent le côté très abouti de l’album. Cette profusion d’approches narratives, parfaitement maîtrisée, aurait pu se révéler un peu trop foisonnante sur la longueur. Dans les faits, elle ne nuit absolument pas à la lisibilité.
Le chien de la vallée de Chambara, par sa richesse et son excellente réalisation, est des plus recommandables.
Les avis
Erik67
Le 25/11/2020 à 18:12:53
Le dessin de ce conte japonais est tout simplement magnifique avec toutes ces couleurs directes. Ces planches très picturales sont un vrai bonheur pour les yeux.
Il est dommage cependant que ce récit s'éternise dans des détails superflus et des dialogues à profusion. La fin révèlera bien des choses à commencer par la motivation d'une vengeance qui dépasse l'entendement.
L'histoire sera certes classique dans ce Japon médiéval mais son traitement est recherché avec un effet plutôt spectaculaire.