Info édition : Pas de DL ni d'AI. Noté D/2008/0089/107. La date noté ici est celle de la sortie de l'album.
Résumé: Les chevaux du vent, ce sont ces drapeaux de prière multicolores reliés par un même fil qui ondulent sous la brise, claquent sous la tempête, se délavent sous le soleil et la mousson, se déchirent sous la marche du temps, mais qui ne cessent d'illuminer les esprits. La vie des êtres humains n'est-elle pas à l'image de ces morceaux d'étoffe ? C'est la question que posent Lax et Fournier en conviant leurs lecteurs à rejoindre dans leur intimité une famille de la haute vallée du Gange à la fin du XIXe siècle. Deux frères amoureux de la même femme, il n'en faut pas plus pour rompre l'équilibre d'une famille, pour lancer ses protagonistes sur les routes de l'aventure. Ainsi, le père qui pour reconstruire sa famille se lance dans l'espionnage au profit des anglais. Sur fond de colonisation et de conquête victorienne, ce sont tous les mouvements de la tragédie classique qui se jouent à l'ombre des cimes enneigées de l'Himalaya.
Fournier a toujours vu en la bande dessinée la synthèse de ses deux passions : le dessin et le théâtre. Avec « les chevaux du vent », c'est le toit du monde que Lax lui offre pour scène à ciel ouvert.
H
aute vallée du Gange, Himalaya indien. Juin 1850. Kazi est un jeune sourd-muet. Cadet d'une famille de paysans, il survit plus qu'il ne vit dans un environnement hostile, entre la dureté de l'existence et la cruauté des enfants du village. N'y tenant plus, ses parents prennent la seule décision qu'ils pensent possible, mais ce sera pour eux une souffrance autant qu'un soulagement : ils envoient le jeune Kazi dans un monastère, où il recevra une bonne éducation et sera préservé du malheur.
Quinze ans plus tard, alors que le père du jeune moine a légué sa ferme à son aîné, il regrette plus que jamais d'avoir abandonné son fils et souhaite le revoir une dernière fois. Il commence alors un périple qui le fera traverser une région sous domination anglaise, comme un pèlerinage qui l'amènera à appréhender le monde qui l'entoure, et à mieux se comprendre lui-même.
Un destin contrarié, un périple dans une nature sauvage, un sens de l'humanisme et un parcours finalement plus intérieur qu'extérieur... autant de thèmes dont Lax est friand, et qu'il a coutume de rendre essentiels dans la construction de ses récits. Les chevaux du vent en est une confirmation, tant l'histoire de cette famille déchirée fait de l'humain sa pierre angulaire. Comme vecteur des pensées de ce père parti à la recherche de son fils, l'auteur du Choucas, en habitué de la collection Aire Libre, laisse une grande place au silence et à la contemplation de paysages envoûtants. Les décors de montagnes inhospitalières et de sommets enneigés sont pour Fournier l'occasion de surprendre son lectorat. Connu et reconnu pour sa contribution à l'univers de Spirou et Fantasio, l'auteur de Bizu et des Crannibales adopte un style semi-réaliste qui fait admirablement passer les émotions des différents personnages. Parallèlement, il parvient à instaurer des ambiances où la souffrance et la douceur cohabitent étrangement. La clé de ce mélange subtil réside dans une utilisation maîtrisée, tout en retenue, de la couleur directe.
Les chevaux du vent est en fin de compte une collaboration entre deux auteurs de renom, qui ont donné à la bande dessinée quelques-unes de ses plus belles lettres. Est-ce pour cela que le résultat, pourtant très abouti et faisant montre d'un savoir-faire indéniable, n'est peut-être pas à la hauteur des espérances ? Toujours est-il qu'il manque un petit quelque chose pour faire de cette histoire agréable un moment inoubliable. Un peu plus de fougue, un peu plus de passion. Ou tout simplement une narration moins linéaire, qui ferait plus de place à la surprise en abandonnant une construction parfois trop sage. Dans leur ensemble, les textes manquent également d'un peu de piment. Trop distants, trop peu enflammés, ils ne contribuent pas à rendre le destin des personnages plus passionnant.
S'inscrivant sans trop de peine dans une collection qui n'a plus rien à prouver en termes de qualité et de soin apporté à ses différents ouvrages, Les chevaux du vent s'avère plaisant du début à la fin. Il n'en demeure pas moins un goût de trop peu que le deuxième tome aura la lourde tâche d'estomper.
La preview
Les avis
Pulp_Sirius
Le 28/02/2022 à 04:36:32
Drame familial assez triste, assez lourd. Un diptyque qui, une fois refermé, laisse pensif. Le dessin est simple mais évocateur.
Impossible d'échapper à l'ambiance de solitude, de souffrance intérieure et de misère qui pèse tout au long des deux albums. Impossible de ne pas souhaiter que le père, parti à la recherche de son fils qu'il n'a pas vu depuis plus de 15 ans, finisse par le retrouver.
Je trouve que certaines scènes manquent toutefois de poids, d'émotion. Mais à l'instar de l'environnement rude dans lequel évoluent nos personnages, peut-être le pragmatisme est-il de mise.
Quels sacrifices accepteriez-vous pour votre famille?
brekkie
Le 30/07/2010 à 02:51:11
C'est avec un très grand plaisir que j'ai découvert cette histoire. Elle ne rabâche ne rien les autres récits que l'on connaît de cette région du monde. Un très beau dessin et un bon scénario, tout ce que j'aime. Vivement la suite...
raphael882401
Le 21/12/2009 à 19:37:38
Un très bel album, une belle histoire comme on (je) les aime sur l'Himalaya... Le dessin de Fournier me plaît toujours autant et le scénario sur l'histoire d'amour d'un père pour son fils est très crédible et très émouvant. Vraiment je le conseille.