C
olin et Solenn ont trouvé refuge dans une grande bâtisse froide et déserte. Rien de confortable, mais c’est toujours mieux que l’orphelinat. Et puis Colin est bien décidé à veiller sur sa petite sœur et à gagner de quoi manger en travaillant sur les docks. Les deux enfants, en des lieux différents, croiseront le chemin de petits être bleus ailés : des fées. Suffisant pour aiguiser leur curiosité et tenter de gagner l’île de Lord Lumblay pour en savoir plus. Dans le même temps, Adam, inspecteur venu de Londres qui tente d’oublier en noyant ses souvenir dans l’alcool, enquête sur une série de meurtres mystérieux.
Et un titre supplémentaire dans la vitrine de la collection à succès Soleil Celtic ! Avec ses fées, ses trolls, son puck et ses embruns iodés, un de plus ? Pas nécessairement, car le traitement graphique étonne et évite la monotonie. Ne reniant pas des influences héritées de nombreux dessinateurs transalpins et d'extrême-orient, le trait d’Achile est vif, virevoltant et pousse les personnages dans leurs limites physiques. Les figures de poulbots mâtinés de manga, les perspectives maltraitées, les coups d’accélérateurs à en perdre haleine, voire les trajectoires peu conventionnelles empruntés par les alcools forts dont abuse l’inspecteur, ont de quoi surprendre lorsqu’on marche a priori sur les mêmes sentiers que les Druides, Merlin ou les premiers Contes du Korrigans, quand bien même Le grimoire de féérie avait joué un rôle de défricheur. C’est prometteur sans être exempt de défauts (le survoltage n’est pas loin parfois, certaines scènes sont surchargées, et Adam, supposé meurtri par la vie, a une petite gueule d’éphèbe qui le rapproche du Caleb de WITCH), et insuffisant pour faire oublier une histoire passe-partout.
Les personnages sont pour le moins tout à fait classiques (au point de voir surgir le souvenir du récent les Enfants du crépuscule (Humanos) l’espace d’un instant), les ressorts et les scènes guère originaux (l’épreuve initiatique sur le port, le pendentif hérité de la mère, le flic qui cache un secret etc…) ou carrément obscurs (le passage très confus sur l’île). Dans sa palette de touche à tout, de quoi préférer le Nicolas Jarry des Chroniques de Magon (Delcourt) ou de La rose et la croix (Soleil) plutôt que celui à l'origine de cette introduction ou du premier volet de Tokyo Ghost (Soleil).
Premier épisode d’une série qui en comptera quatre, Trafic de fées laisse à penser que le meilleur est peut-être à venir.