Résumé: Une aventure coloré, une gamme d'émotions !
Pour Le Chemin vers pépé, le duo Carayol/Sénègas a choisi comme inspiration la 35ème symphonie de Mozart. Cette partition, créée en 1785 par le génie autrichien, est à la fois légère, gaie et par moment grave et mélancolique.
C’est l’esprit de cette histoire qui nous entraîne, entre peur et soulagement, dans un rêve intense où le jeune héros tente de dire au revoir à son grand-père. Si la disparition d’un être aimé est ici une thématique en toile de fond, l’histoire est avant tout une ode à la vie.
Dans un travail de mise en scène incroyablement mélodieux, suivant le rythme et les tons de la symphonie, les auteurs racontent la légèreté des instants passés ensemble.
Comme dans la symphonie de Mozart - véritable bande son de l'album - la mélancolie laisse la place à l’émerveillement et à la joie des souvenirs heureux. Un histoire tendre alliant lyrisme et poésie. Une aventure vivante, joyeuse et positive (malgré la gravité du sujet) grâce aux couleurs pop et vive de Stéphane Sénégas qui apporte au récit sa douceur et la justesse de son propos.
Un album pour toute la famille d'une puissance incroyable !
«
Pépé, tu me manques trop. »
Après quelques mots écrits à son grand-père, un garçon s’endort. Quand il rouvre les yeux, une ombre installée à son chevet lui fait signe de l’accompagner. Intrigué, l’enfant la suit. Le voilà entrainé à travers un paysage étrange et changeant jusqu’à un vaste bâtiment immaculé pour voir une lettre s’échapper par une fenêtre. Il court après et s’éveille. Une réponse l'attend.
Après l’expérience de Les vies dansent et À l’unisson, les éditions La Gouttière réitèrent en ajoutant un nouveau titre à la collection Do Ré Mi Chat, dont le principe consiste à allier musique et bande dessinée. Cette fois, l’album puise son inspiration dans la 35e symphonie de Wolfgang Amadeus Mozart et l’immersion se veut complète, puisqu’un QR code permet aux bédéphiles en herbe (et à leurs parents) d’écouter l’œuvre du compositeur autrichien, jouée par l’Orchestre Picardie, tout en régalant leurs yeux de la partition visuelle concoctée par Guillaume Carayol et Stéphane Sénégas (Anuki, Le pêcheur et le cormoran), qui ont déjà collaboré sur Lucien.
Cet opus de soixante-quatre planches emmène d’abord à la suite du petit héros à lunettes dans un monde onirique qui traduit la succession des émotions dans la fugacité des rêves. Puis, dans un deuxième mouvement, il invite à un retour à la réalité pour montrer avec délicatesse un départ dont la douleur, pourtant palpable, trouve finalement une évasion salutaire dans le souvenir des beaux moments et les possibles colorés qu’ouvrent les songes. Au rythme des allégros et des andantes, le récit passe par tout l’arc-en-ciel des ressentis, mais est prédominé par des notes joyeuses, nuancées d’une brume de douce nostalgie. La mélodie et ses arpèges prennent la forme de péripéties sur le chemin – chutes vertigineuses, envols, courses, sauts et autres glissades. De même, la route est figurée par une portée et les silhouettes anonymes qui y déambulent ont le visage flanqué de croches. Outre ces éléments évocateurs, la mise en image se révèle soignée, aérée et dynamique, grâce à un travail habile sur la composition des planches, l'expressivité des protagonistes et un choix de couleurs judicieux.
BD muette d’une grande éloquence, Le chemin vers pépé offre un agréable moment de lecture, à rebours de toute tristesse. À recommander dès 6-7 ans.