A
près leur aventure à Lunatic City, Michiru et Roidy arrivent au Mont Saint Jacques. Leur venue coïncide avec un meurtre mystérieux. Soupçonnés, ils doivent prouver leur innocence. Leur enquête, doublée d’une réflexion métaphysique sur ce qui lie âme et corps, les confronte aux secrets de la souveraine Meg Tushka et de ses sujets.
Quête philosophique, psychologique et fantastique sont au cœur des œuvres d’Hiroshi Mori, l’un des romanciers préférés des Japonais. L’auteur utilise le thriller pour mettre en scène et proposer une réflexion sur la science, ce qu’elle permet et les considérations que son utilisation entraîne.
God save the queen, le premier volet des Chefs d’œuvre d’Hiroshi Mori, évoquait l’éternelle jeunesse, acquise grâce à la cryogénisation, distendant les limites de la vie et de la mort. Dans Le Labyrinthe de Morphée, Michiru et Roidy poursuivent leur recherche métaphysique à travers une réflexion sur le lien unissant corps et âme. Peut-on séparer l’une de l’autre ? L’une peut-elle survivre sans l’autre ? Peut-on empêcher un individu de mourir ou une population de s’éteindre en intégrant les âmes à des organismes artificiels ? Cette question prend une dimension encore plus profonde quand on se souvient que Michiru vit dans l'enveloppe charnelle de sa bien-aimée assassinée et que Roidy partage une partie du cerveau de son jeune maître.
L’intrigue est donc sombre, complexe, parfois déroutante. Le dessin de Yuka Suzuki se marie bien avec l’atmosphère créée par Hiroshi Mori. Les traits marqués des visages et des corps possèdent une finesse non dénuée d’une certaine sensualité. On est rapidement troublé par l’aspect fragile et androgyne de Michiru ou fasciné par la splendeur mystérieuse de la reine Meg. Les décors tantôt dépouillés, tantôt fourmillant de détails alternent et ajoutent avec talent un côté déstabilisant à l’ensemble.
Le Labyrinthe de Morphée est étrange, singulier mais passionnant. Ses qualités narratives et graphiques méritent qu’on s’y arrête et qu’on se laisse entraîner par son propos original.