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umaniser un peu celui qui est avant tout un symbole, donner corps à ce mythe absolu qu’est Che Guevara, telle est l’ambition des deux auteurs italiens à l’origine de La victoire ou la mort. De son enfance choyée dans l’Argentine des années 30 à sa mort en octobre 67 au côté de la guérilla bolivienne, en passant par son engagement déterminant au sein de la révolution cubaine, la vie d’Ernesto Guevara est racontée sous forme de multiples saynètes, moments intimistes ou faits marquants, éclairant le parcours de cette figure légendaire.
Sans verser complètement dans l’hagiographie - à aucun moment El Che n’apparait comme un personnage véritablement chaleureux ni sympathique - le scénario aligne les épisodes illustres jalonnant l’existence du combattant, mais sans apporter de profondeur ni insuffler de passion au personnage. Ne reste alors qu’une impression de feuilleter un catalogue officiel, un recueil un peu figé façon image d’Épinal. Tout le contraire de la personnification attendue. Et ce n’est pas la tentative - certes louable, hélas ici maladroite - de dynamiser le récit et de jouer avec les époques en multipliant les allers-retours dans le temps qui favorise la compréhension du héros.
Le traitement graphique est quant à lui assez ambivalent : mise en page sobre et agréable, encrage net, trait précis, détaillé. L’ensemble réjouirait l’œil si les acteurs de cette Histoire ne montraient tant de raideur dans leurs postures. Vitesse, mouvement, émotion, autant de qualificatifs qui manquent à l’appel.
Pouvant servir de base de départ au lecteur profane désireux de connaitre les hauts faits du Che, cet inventaire sommaire et compassé ne saurait satisfaire les amateurs de biographies pénétrantes et sensibles.