Info édition : Noté "Première Édition". Contient 19 chapitres, qui correspondent au roman graphique "The Curse of Brambly Hedge" ("La Malédiction de la muraille d'épines", en trois parties), aux épisodes "Castle Waiting" (1997) #1-7, aux court récits "Hook, Line, & Sinker" ("Mauvaise pêche") paru dans "Scatterbrain" et "Sweet Temptations, A Castle Waiting Short Story" ("Douces tentations") paru dans "Trilogy Tour II", aux épisodes "Castle Waiting" (2000) #1-4 et aux épisodes "Castle Waiting" (1997) #12-14, plus un épilogue. Le titre "Volume I" n'apparaît pas dans l'ouvrage mais a été donné pour différencier ce premier album de ceux à suivre.
A
vec cette édition luxueuse aux faux airs d’incunable (*) de l’ouvrage maintes fois primé de Linda Medley, les éditions Cà et là offrent une belle épopée de fantaisie héroïque, sans tambour ni trompette, telle qu’il n’y en avait pas eu depuis les aventures de Bone et de ses compagnons (Delcourt).
Le château de la Belle au bois dormant est désormais envahi par les ronces, laissé à l’abandon par la gente demoiselle qui, un brin délurée, s’est fait la malle avec le premier prince charmant venu. Linda Medley entreprend alors de répondre à la question la plus importante, celle qui reste en suspens quand les grandes figures ont disparu du devant de la scène. Que deviennent les personnages secondaires, une fois que les héros ont déserté le domaine, se sont mariés et ont eu beaucoup d’enfants ? La petite histoire n’a-t-elle pas autant d’intérêt que la grande ?
Le Château est devenu le refuge d’une communauté faisant l’expérience de l’autogestion tout en n’ayant rien à envier au traditionnel bestiaire du merveilleux (entités démoniaques, sorcières, ectoplasmes à la Casper ou les habituels animaux anthropomorphiques et autres créatures du petit peuple…). L’ironie et quelques touches d’humour en plus, les berserkers, la présence de jeunes filles légères à la poitrine généreuse en moins. Fi de l’épique, place à un quotidien non dénué d’une dimension fantastique, tel pourrait être le principe à l’œuvre derrière le trait rond et la narration débridée et foisonnante de Linda Medley.
Ce récit gigogne, entrecroisant les vécus de chaque personnage, parcouru de clins d’œil parodiques à l’univers féerique, fournit matière à revisiter et moderniser le conte de fée. Il introduit dans cet exercice des préoccupations très contemporaines quant à l’acceptation de la différence, les rapports entre les hommes et les femmes, l’exploitation dans le monde du travail ou le choix du meilleur système économique.
Mais l’ouvrage se veut aussi un vibrant hommage à la gent féminine et c’est bien cette dernière qui mène la danse au sein de la petite communauté. Château l’attente est ainsi parcouru de magnifiques portraits de femmes, de celui de Dame Jaine Solander, femme adultère fuyant la violence conjugale, à celui de Dinah Lucina, veuve indépendante et volontaire. Sans oublier celui de Sœur Paix, fière et truculente représentante de l’ordre des Sollicitines, congrégation religieuse exclusivement composée de femmes à barbe dont la genèse drolatique est rapportée entre deux corvées de vaisselle. Même la routine a son lot de merveilleux !
Et pour ceux qui ne sauraient se satisfaire de ces quelque 460 pages, qu’ils se rassurent, deux autres tomes sont annoncés en 2009 et 2012. De quoi s’offrir encore quelques belles soirées auprès du feu.
(*) Couverture cartonnée, dos simili-cuir marquage au fer à dorer, tranchefile et signet...Les éditions çà et là ont même réalisé un making of de la fabrication de ce bel ouvrage consultable ça et là.
Les avis
Erik67
Le 03/09/2020 à 15:39:41
Château l’attente commence par une version revisitée de la Belle au bois dormant. Point d’originalité donc même si cela se laisse lire agréablement pour peu qu’on aime les contes de fées mielleux à l’eau de rose.
Après l’abandon de ce château par le princesse et son prince qui vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, ce lieu devient une sorte de repaire pour les parias et les exclus de la société.
Nous vivons au gré des petites aventures quotidiennes de personnages excentriques comme un gentilhomme à tête de cigogne ou encore Sir Chess, un chevalier à tête de cheval. Il faut rentrer dans cet univers particulier sans se poser de question.
L’auteur met l’accent sur de nombreux personnages secondaires notamment féminins afin de faire passer un message féministe sans être militant. L’auteur a mis quinze ans pour écrire cette œuvre qui a raflé de nombreux prix dont 2 Eisner Award en 1998. Permettez-moi de me faire la réflexion suivante : tout ce temps mis à profit pour seulement cela. Parce qu’il ne se passe pas grand chose dans ce château. Point de batailles épiques ou de méchants qui rendraient l’histoire particulièrement passionnante. Non, ce roman existe pour autre chose, à savoir apprécier ces petits riens de la vie qui font tout le bonheur. Je n’arrive cependant pas à ressentir quelque chose de fort. Les messages véhiculés ne me semblent pas forts et poignants.
Certes, l’auteur Linda Medley a le mérite d’avoir proposé une version plus soft, plus éducorée de l’heroic fantasy : un mélange de douceur et de tendresse dans un monde de brutes. C’est un mariage réussi entre la fantasy et le roman graphique intimiste qui offre de bons moments jusqu'au moment des femmes à barbe où j'ai totalement décroché.
Faut-il l’avoir obligatoirement dans sa bibliothèque ? On est quand même assez loin du Seigneur des Anneaux auquel le prestigieux Times l’a comparé.
Halnawulf
Le 11/08/2015 à 17:06:49
Que ce passe t'il dans le château de la belle aux bois dormant après la fin de la malédiction et son départ pour se marier avec son prince?
Les chapitres racontent la vie quotidienne du château, devenu un refuge pour marginaux de contes de fées. Cigogne intendante, chevalier à tête de cheval, princesse fugueuse enceinte ou encore femme à barbe entrée dans les ordres... Les tracas et petits bonheurs quotidiens de cette communauté se lisent avec plaisir et certains mystères donnent envie d'en savoir plus... et soudain?
A la moitié du livre, l'auteur se perd dans une INTERMINABLE histoire, l'ordre des Sollicitines, qui étire mollement sur 200 pages l'histoire des nones à barbe!
Vraiment dommage, un soufflet au fromage qui s'effondre tristement! Pas sûr de me lancer dans le tome 2
willybouze
Le 13/04/2011 à 20:05:07
Rien que pour l'édition, cette BD vaut le coup !
Magnifique ouvrage, épais, avec une reliure solide et agréable à toucher.
Dedans, une fresque sans âge, avec des personnages hauts en couleur, humains et animaux humanoïdes. Un château, une sorte de princesse qui ne sait pas qu'elle l'est, une sorte de fée, une sorte de prince charmant... Tout pour faire une sorte de conte de fée. D'ailleurs, c'est un conte de fée. Enfin, presque...
C'est indescriptible, ça rebondit et les personnages se découvrent petit à petit. Un bon moment de lecture, pour lequel la longueur n'est pas usurpée : il y a de quoi se plonger dedans et ne pas en ressortir avant d'avoir lu la dernière page... Pas de lassitude à craindre.