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Résumé: Inspirée de faits réels, cette histoire à huis clos se déroule au Château des ruisseaux, un centre de traitement des addictions situé près de Soissons, dans l'Aisne.
Jean et Marie, deux jeunes toxicomanes, participent en même temps à la cure. Ici, on ne prend aucun médicament ; le groupe de parole, l'abstinence, le travail sur les émotions et l'entraide sont les principes actifs d'une guérison possible. On ne consomme pas "juste pour aujourd'hui", on cherche à changer ses comportements, à confronter ses émotions par l'intermédiaire du groupe. Pendant deux mois, tout ce qui représente une fuite est interdit : livre, musique, relations amoureuses. C'est là qu'apparaît le premier problème : Jean tombe amoureux de Marie, qui a d'autres soucis en tête. L'arrivée d'un troisième larron, qui va entraîner une partie du groupe dans sa chute, envenime une situation par définition fragile, où chacun a plus à perdre qu'il ne le croit.
Un récit à la croisée du documentaire et de la fiction, qui plonge le lecteur dans le quotidien, rendu avec réalisme, du programme suivi par ses protagonistes et les pièges qui les guettent à chaque étape parcourue.
L
e Château des ruisseaux est un centre de traitement des addictions. Cet endroit, volontairement isolé des grands centres urbains, rassemble des patients toxicomanes. Abstinence, discussions de groupe et auto-analyses sont au rendez-vous. Pour Jean, c'est surtout une ultime chance de s'en sortir, après des années de dérive.
Frédéric Poincelet (Mon bel amour) et Vincent Bernière proposent une immersion totale dans cette institution aux antipodes de l'image conventionnelle des cliniques de désintoxication classiques. L'histoire commence au moment où Jean passe les portes du château. Il rejoint d'autres toxicomanes endurcis qui, pour les semaines et les mois à venir, vont se côtoyer, confronter leurs expériences et tenter de venir à bout de leurs dépendances. Basées sur des faits et des témoignages réels, toutes les anecdotes de cette chronique sont véridiques. À noter, plusieurs passages recèlent des propos assez durs.
Décors minimaux, mais néanmoins très élégants, narration se résumant à des dialogues entre les différents protagonistes et une mise en couleurs tout en nuance, rappelant le travail d'Emmanuel Guibert dans Aller-Retour, cet opus peut paraître un peu frustre au premier regard. Heureusement, au fil des discussions – principe clef du traitement -, ces personnes aux parcours souvent sordide prennent vie. La tension perpétuelle engendrée par la maladie et l'équilibre tellement fragile dans lesquels ils se débattent, sont retranscrits tout en finesse. Les auteurs montrent ces combats intérieurs avec pudeur et précision. Le résultat est une BD au niveau du meilleur journalisme. Un dossier général sur les organismes s'occupant de toxicomanie aurait totalement trouvé sa place à la fin de l'album.
En explorant avec dignité un sujet grave s'il en est, Le Château des ruisseaux est des plus probants.