Résumé: 1939, Himmler envoie en Irak une mission archéologique de l'Ahnenerbe. Cette expédition, dirigée par l'officier SS Saxhäuser, est de s'allier les populations locales et de préparer l'avènement d'un nouvel ordre mondial.
Mais Saxhäuser va faire une découverte fantastique qui pourrait changer la donne dans le conflit qui s'annonce... et modifier son propre destin de manière plus qu'inquiétante.
F
riedrich Saxhäuser, la quarantaine, agent du SD-Ausland (renseignement politique extérieur du Reich) s’amourache d’une belle et jeune héritière prussienne. Le cousin de la demoiselle, Baldur Von Schirach (organisateur des jeunesses hitlériennes) en a fait une figure de la propagande Nazi et la nomme correspondante du journal du parti, dès sa sortie de l’université. Une bonne façon d’éloigner le roturier dévergondé de la noblesse aryenne ; ou simplement un moyen approprié de s’assurer de la fidélité du gradé allemand qui est missionné par Heinrich Himmler. En effet, sous couvert d’une mission archéologique à Hatra, le Reichsführer ordonne au soldat désabusé de sillonner la région de Bagdad afin de vérifier l’allégeance des nationalistes autochtones, si d’aventure l’Allemagne devait entrer en guerre contre la France et l’Angleterre. Seulement, au Moyen-Orient, une découverte vertigineuse tend à bouleverser la marche de l’Histoire.
Le scénariste Richard D. Nolane adapte le roman à succès de Stéphane Przybylski, Le château des millions d’années (édition le Belial, en 2015). L’ouvrage, récompensé du prix révélations Futuriales 2016, adopte un postulat malin. L’écrivain fait un pas de côté et engage, comme personnage principal, un officier SS. Cet anti-héros se révèle plus complexe et plus ambigu qu’à l’accoutumée. Happé dans une quête qui le dépasse, le militaire doute, aime, triche et pis encore. Le cocktail science-fiction/reconstitution historique est bien équilibré et le breuvage s’apprécie jusqu’à la dernière goutte.
En préface de L’Héritage des Ancêtres, volume inaugural de la saga (soit les dix premiers chapitres du livre 1), le romancier égraine ses références et son cahier des charges. Il ne cache pas son amour du flashback et joue de ce procédé au gré des ellipses qu’il provoque pour mieux maîtriser le rythme des avancées de l’intrigue. La transposition de ces mécanismes d'écriture au neuvième art s’avère tout autant efficace et densifie agréablement la lecture.
Zelijko Vladetic accompagne Richard D. Nolane, depuis quelques années (La grande Guerre des Mondes, Wunderwaffen – La nuit des armes miracles, Voitures de Légende – La Coccinelle). Dessinateur talentueux, il évolue dans une veine mainstream aux tonalités réalistes. Dans cet album, la narration est dense et les dialogues abondent. De facto, son gaufrier est fourni et son trait étouffe légèrement. Le calibrage de ses planches aurait mérité davantage de respiration. Seulement, le titre bénéficie déjà d’une pagination élevée (56 pages) pour un format « classique ».
Point positif s’il en est, la couverture d’Yvan Villeneuve est un modèle de réussite. Sa conception triangulaire brosse en une unique illustration, le contenu des scènes à venir : les protagonistes principaux, les magnifiques paysages d’Arabie explorés, la montée du nazisme et l’appel du paranormal. Impeccable !
Documentée, l’ambitieuse tétralogie des Origines de Stéphane Przybylski connaît donc une divertissante parution en bande dessinée en entrant au catalogue des éditions Soleil. Là, entre le Tigre et l’Euphrate, découvrez le berceau de nos civilisations. Mais serez-vous prêts à payer le prix de la connaissance ?
Les avis
Saigneurdeguerre
Le 29/03/2021 à 23:33:52
Munich, Odeonplatz. Novembre 1937.
Friedrich Saxenhäuser, un agent secret nazi du service extérieur, rencontre une jeune et belle demoiselle, Andrea von der Goltz, fervente nazie. Malgré leur différence d’âge, Friedrich a environ le double d’années de la belle Andrea, une liaison se noue entre les deux. Et voilà qu’Andrea est expédiée en Irak sitôt ses études universitaires terminées en qualité de correspondante du journal du parti. Un gros piston n’est pas exclu vu les dons que son poupa octroie au parti… Un bienfait n’est jamais perdu, n’est-ce pas ? Mais peut-être y a-t-il une autre raison. La famille von der Goltz espère probablement ainsi éloigner un roturier trop proche de la jeune demoiselle de la haute noblesse prussienne…
Berlin. Mai 1939.
Friedrich est convoqué par Himmler. Une mission l’attend en Irak. Le grand manitou de la police secrète veut savoir s’il peut compter sur les bédouins pour causer des troubles au Moyen Orient. Ils en ont plus qu’assez de la présence française et anglaise. De plus, ils voient d’un très mauvais œil l’arrivée de tous ces juifs…
Critique :
Je passe tout de suite aux aveux. Je me suis ennuyé à la lecture de cette bande dessinée qui propose un scénario de quête nazie, une de plus, sauf que cette fois, cela ne se passe ni au Pôle Nord ni au Pôle Sud mais en pays kurde en Irak, à deux pas de la Perse. E.T. welcome !
La couverture, digne d’une affiche de cinéma, due au talent d’Yvan Villeneuve, a suscité mon envie. J’espérais davantage de politique et d’espionnage, mais je me suis rapidement retrouvé au milieu de phénomènes extraordinaires faisant passer la mission de soulèvement des peuples arabes au second plan pour pratiquement l’oublier au profit des petits frères de E.T. Des petits frères détestant toute intrusion dans leur retraite sacrée. Et puis, malgré qu’on ne soit pas à Lourdes, il y a des apparitions sous la forme, non d’une vierge remplie d’eau bénite, mais d’un gamin qui sait tout de Friedrich Saxenhäuser.
Le scénario fait référence à beaucoup de choses sans vraiment les développer.
Le dessin, bien que correct, n’est pas du même niveau que certaines parutions actuelles telles que Wild West.
Pas sûr que je dépenserai mes sous pour acheter la suite.
Johnny Fletcher
Le 17/02/2021 à 22:07:51
J'attendais le souffle de la grande aventure, des péripéties échevelées, une tension insoutenable, du mystère, de l'émotion, de l'inquiétude. J'attendais d'être pris en otage par l'intrigue, d'être malmené par l'action.
Résultat des courses: un album assez mal fichu qui ronronne de façon bien trop monotone. Une déception. Je n'ai pas lu le roman dont l'album est tiré mais rien de m'y incite. L'histoire est finalement sans surprise, les pièce du moteur sont visiblement de récupération, le moteur du récit lui même se traine péniblement comme un canasson avec une patte cassée. Les évènements s'enchainent sans ardeur, les scènes se succèdent comme les pylônes électriques devant la vitre d'un train de banlieue. On les observe défiler, sans passion ni grand intérêt. La faute peut-être à un trop grand respect de la structure du roman. En ne voulant pas le trahir, en en suivant aveuglement l'ossature, les auteurs en oublient d'en faire une bande dessinée captivante.
Le dessin est honnête à défaut d'être génial. Il ne faut pas compter sur lui pour faire oublier le découpage trop copieux en cases et le ton monocorde du récit.
Je suis passé totalement à côté de ce premier album. Je m'étais laissé embarqué à cause d'un bon souvenir du scénariste, sa série "Millénaire" avec Miville-Deschênes qui n'était pas désagréable du tout.
La critique flatteuse lue sur BDgest m'a également induit en erreur. J'envie le chroniqueur qui s'est régalé quand on lui a servi cette soupe tiède.
Pour ma part je quitte le train ici et souhaite à ceux qui reste à bord un agréable voyage.