Résumé: La jeunesse imaginaire du célèbre chanteur québécois ! Été 1960, lété des 16 ans de Robert Charlebois. Parti avec ses parents pour le chalet de campagne familial alors quil aurait préféré rester avec sa « gang » à Montréal, Robert se dit que ça va vraiment être « plate » la campagne. Mais contre toute attente, cet été sera très spécial. Il fera dabord la rencontre de trois jeunes de son âge qui vont changer le cours de ses vacances et surtout il va vivre avec eux une formidable aventure initiatique... Charlebois et lOsstidgang raconte ladolescence imaginaire du célèbre chanteur québécois et sa rencontre tout aussi fabulée avec ses futurs compagnons de route. Tendre et drôle, ce récit empreint de nostalgie est un charmant hommage à lune des figures les plus populaires du Québec.
À
l’arrière de la voiture familiale, Robert se prend la tête entre les mains. Son été 1960, celui de ses seize ans, il n’a aucune envie de le passer au grand air. Il veut rester en ville avec les chums de sa gang. La campagne, c’est plate ! Pourtant, ce qu’il va vivre et partager avec Mouffe, Louise et Yvon sera mémorable.
Robert et l’Osstidgang contient des références aux chansons du grand Charlebois mais ce n’est pas une compilation de chansons illustrées. On y croise des vedettes québécoises qui seront au sommet de leur popularité quelques années après l’époque à laquelle se déroule cette fiction mais ce n’est pas pour autant une biographie des chanteurs, paroliers et humoristes mis en scène dans cette tranche de vie estivale enrichie d’un soupçon d’aventure. L’occasion leur est donnée de vivre quelques expériences, mais aussi de s’ouvrir à la société qui les entoure et au contexte d’alors. L’humour est présent (rappelons la présence du « monologuiste » Yvon Deschamps dans la bande) et les découvertes liées à la fréquentation de personnes de l’autre sexe s’invitent dans les relations (la romance entre Robert et Mouffe, sa compagne, naît une nouvelle fois dans une version illustrée).
En bon récit s’adressant aux jeunes, une cause à défendre émerge avec la question de l’expropriation des indiens pour des motifs d’industrialisation et de desserte routière, tout comme celle du racisme qui conduit les protagonistes locaux à s’affronter sous le regard incrédule des enfants. Pour autant, l’ensemble ne baigne pas dans une ambiance totalement vouée aux plus petits. Les gamins ont beau être comme les autres, la définition d’« ordinaire », c’est du côté de la chanson éponyme co-écrite « dans la vraie vie » par Mouffe et Robert Charlebois en 1970 qu’il faut aller la chercher : « je suis un gars ben ordinaire (…)j’fumerais du pot, j’boirais de la bière (…) j’voudrais qu’on soit tous frères (…) ». De fait, à l’aube des sixties, le quatuor picole (et vomit) autour du feu de camp une bouteille chapardée à l’épicerie du village au son de la prose poétique du frisé à la guitare. Accidentellement, ils inhalent de la fumée de cannabis mais, malgré la présence de Louise Forestier avec laquelle il l’a chantée plus tard, Lindbergh ne pointera pas son nez à l'occasion de cet épisode qui modifie leur perception de la réalité. Les vapeurs suffiront à donner quelques accents psychédéliques à certains passages. Et leur nouveau caractère de rebelles fonceurs leur feront faire d'autres grosses bêtises. Y a d’la vie dans tout ça !
Sans oublier que les hormones chatouillent, sous la couette ou à ciel ouvert, et donnent une couleur friponne à leurs tribulations. L’aperçu de quelques mèches de la chevelure de la célèbre Dolorès, ici plus chaleureuse que « douloureuse », dans une position qui imprime un sourire radieux sur le visage de son partenaire, suggère même un peu plus. Après tout cela, le « ptit loup » Robert à sa maman se rapproche plus du « garou ».
Du point de vue de la forme, le style graphique et les couleurs donnent à l’album un aspect légèrement hors du temps et des modes. Suffisamment alerte et percutant, sans pour autant soulever d’enthousiasme particulier, la mise en images n’a pas le charme tout à fait exceptionnel des dialogues, empreint de l’authentique phrasé répandu dans la Belle Province. Dès la première planche, grâce au verbe, l’immersion est totale et, pour l’amateur, il y a de quoi vous filer des frissons. À coup sûr, si je ne peux pas replonger dans l'adolescence ni dans les années 60, Je reviendrai à Montréal… et dans ma pile de disques.