Résumé: Alors qu’il vient de perdre à la naissance, le fils de sa première épouse Mildred, Charlie tourne Le Kid, l’histoire de cet enfant qu’il n’aura pas vu grandir. Le film est un immense succès. Charlie reconnu par le tout Hollywood comme l’un des plus grands artistes de son époque savoure son ascension et œuvre déjà pour son prochain film, La Ruée vers l’or qui sera un véritable triomphe. A 35 ans, il épouse en secondes noces la très jeune Lita déjà enceinte de leur premier enfant. Pourtant, après quatre ans d’union et deux enfants, Lita, maintes fois trahie, demandera le divorce avec pertes et fracas dégradant au passage l’image de Chaplin dans l’opinion publique.
Tandis que les premiers films parlants font leur apparition… 1928, son film Le Cirque, est annoncé comme un échec. Le statut et la carrière de Charles Spencer Chaplin commenceraient-ils à vaciller dans cette Amérique puritaine ?
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uillet 1919, tout va bien pour Charlie Chaplin. Marié à Mildred depuis quelques mois, il a créé la United Artists avec trois amis et collègues, Mary Pickford, Douglas Fairbanks, D.W. Griffith en début d'année, pour s'émanciper des studios. Mais alors qu'il s'apprête à devenir père pour la première fois, le couple perd l'enfant. Si ce drame les plonge dans le désarroi, il ne tarit pas l'imagination du réalisateur qui, grâce au soutien de son frère Syd, met sur les rails son prochain projet The Kid. Malheureusement, le succès du film est accompagné d'une nouvelle épreuve : son divorce. Le premier... La légende est en marche.
Après en Amérique, entrée en matière réussie sortie il y a moins de dix-huit mois, le deuxième opus de la trilogie Chaplin vient orner les étals des librairies. Laurent Seksik s'attache à la période effervescente pour le cinéaste, entre créativité débridée, indépendance financière - et donc artistique - et vie amoureuse mouvementée. Sur environ douze années, la quantité des événements mis en avant est dense mais leurs enchaînements sont, dans l'ensemble, fluides. Contés de manière chronologique, ils mettent en avant plusieurs éléments de la personnalité de la star. Son obstination à écrire et filmer, sa grande confiance en lui - parfois trop, comme lors de l'émergence du « parlant » -, sa relation avec son frère, le regret que l'état de leur mère crée, toutes les étapes qui émaillent sa carrière comme sa vie sont ainsi narrées et ajoutent de la profondeur au mythe.
Si la lecture est aisée, le mérite en revient certainement à David François. Dans son style caractéristique, le dessinateur rend palpables les changements d'humeur de leur héros et restitue la démesure de certains plateaux de tournage. Ses constructions, lors des nombreuses scènes de discussions de Charlie (avec sa mère, ses femmes, Syd ou les avocats), appuie sur l'importance des jeux de regards comme des silences. Grâce à ses choix de mises en page ou ses variations de colorisation, il marque chaque séquence d'une ambiance particulière qui accompagne judicieusement le propos. Enfin, son trait, toujours dynamique, sert le rythme sans effet superflu.
Prince d'Hollywood est une confirmation. À la fois du soin apporté par Laurent Seksik et David François pour être à la hauteur de leur sujet comme de la qualité d'une histoire riche, romanesque et pourtant réelle. Il ne reste plus qu'un acte pour conclure en beauté, vivement !
Lire la preview du tome 1.
Lire la chronique de Chaplin en Amérique.
Les avis
Erik67
Le 24/11/2021 à 07:39:38
Charlie Chaplin est un acteur du cinéma muet qui a fait les heures de gloire Hollywood à ses débuts. Il incarne le rêve américain du migrant européen durant l'âge d'or.
Certes, il n'a pas eu beaucoup de chance avec les femmes en divorçant et en perdant à chaque fois sa fortune au profit de la vénalité. Pour autant, il faut dire également qu'il n'était pas vraiment un exemple de mari fidèle.
Le personnage n'est d'ailleurs pas très attachant ou sympathique et c'est le moins que je puisse dire au travers de multiples exemples qui nous seront exposés. La biographie, très honnête, montre en effet également ses mauvais côtés. Le décalage avec son rôle de Charlot est assez surprenant, voire déroutant.
Par ailleurs, il avait un sérieux penchant pour les jeunes filles encore adolescentes et mineures (16 ans) ce qui ne passerait pas du tout à notre époque. En effet, il aurait été poursuivi pénalement et houspillé par le public hâtisé par des mouvements féministes. A juste titre, je tiens à le préciser afin de lever toute ambiguïté.
Cependant, on va le juger sur d'autres critères au gré de sa prestigieuse carrière cinématographique. Ainsi, on apprend qu'il ne croyait pas du tout au cinéma parlant pour des raisons plutôt obscures et presque poétiques. Il a eu par contre du flair en réalisant «The Kids » ou « La ruée vers l'or » ou encore « Les lumières de la ville ». Certes, « The Circus » a été un échec. Bref, il y a eu des hauts et des bas. Cela ne marche pas à tous les coups !
On termine ce second tome avec un tour du monde de Charlie qui s'ouvre au monde qui est en train de changer comme lui confirme Winston Churchill ou encore Gandhi qu'il croisera sur sa route. Et puis, il y a cette visite à Berlin où il est traité comme un juif et où il va rencontrer Albert Einstein prêt à quitter l'Allemagne devant la montée du parti nazi qui gagne en popularité.
Le lecteur assistera également à ce passage au Japon impérialiste où il échappera de peu à un attentat tuant le premier ministre en exercice à savoir Inukai Tsuyoshi en mai 1932. Bref, il prépare le grand tournant de sa carrière avec des films comme « Les temps modernes » ou encore son véritable chef d’œuvre « Le dictateur » sur des sujets un peu moins comiques mais dans l'air du temps.
Ce voyage lui a permit d'ouvrir les yeux sur le changement du monde. C'est intéressant d'assister à cette phase qui apporte quelque chose à cette œuvre.
Pour ma part, j'ai trouvé cette seconde partie bien plus captivante que la première. On suivra la troisième et dernière partie avec la plus grande attention sur une des personnalités ayant marqué le cinéma à ses débuts.