Info édition : Deux pages d'explications par l'auteur en fin de volume.
Résumé: Employée depuis le XVIIe siècle, cette expression trouve son origine dans une croyance de la Grèce antique. Le cygne, connu pour son chant dissonant, aurait un moment de grâce musicale juste avant de mourir. Le chant du cygne, c'est le dernier cri des hommes perdus face à l'émergence des idées féministes, c'est la dernière complainte du macho obsolète et des masculinités dépassées. C'est un cri. C'est une multitude de regards sur la foultitude des points de vue et d'avis contradictoires. Le côté obsolète et absurde de ces regards masculins, un peu ridicules, justifiera l'humour et les excès nécessaires à ce type d'ouvrage. Un livre qui sera grinçant, mais qui ira dans le sens de l'évolution de la société. Un livre qui incitera le lecteur au questionnement par rapport aux codes d'autrefois, sans casser le féminisme, la libération de la parole de la femme et de la transformation des hommes.
À
l’heure du wokisme à tous crins, de la dénonciation de la pas si bonne société patriarcale et du machisme résistant, il fallait un certain culot pour créer un album abordant frontalement les questions liées au sexisme quotidien et à une certaine vision du féminisme. Jim l’a fait et explique sa démarche sur deux pages à la fin du Chant du cygne. Se justifier était-il nécessaire ? Il faut croire, puisque le projet a peiné à trouver preneur. Serait-ce parce que le contenu flirte de près avec le « point Desproges » ? Ou pour son recours à l’itération iconique en matière de graphisme ? Un peu de tout cela, sans doute. Pourtant, un sticker jaune proclame en couverture : « Vive le rire irrévérencieux se moquant du patriarcat ! » (et c’est signé par une sexologue). Alors qu’en dire ou en penser ?
Au fil de saynètes d’une page, l’auteur ne manque pas de relever un grand nombre de situations toutes crédibles et qui pourront trouver un écho dans le vécu des lectrices et lecteurs. Inégalités salariales entre hommes et femmes, savamment expliquées par un directeur manipulateur et condescendant ; mains baladeuses d’un cavalier dans un cours de danse de salon ; policier aux questions plus que dérangeantes lorsqu’une victime porte plainte pour viol ; examinateur d’auto-école alignant les blagues sexistes… Ce n'est qu'une bref florilège des propositions faites. Le bédéiste met aussi en scène une gent masculine dépassée par la vague féministe et les évolutions de langage, de communication et de sexualité qui l’accompagnent. Il laisse entrevoir certaines contradictions dans les discours des un.es et des autres et joue à fond la carte d'un humour… très grinçant. Car, selon sa sensibilité, chacun trouvera l’exagération du trait plus ou moins drôle, déroutante ou navrante. Quant au sourire franc, il jaillit plutôt de cette drôle de paire composée d’un papy à casquette préférant opiner du chef aux ordres de madame, afin de préserver la paix du ménage – mais il n’en pense pas moins -, et d’une mémé réactionnaire qui ne jure que par la gaudriole et s’amuse à troller sur internet. Ces deux-là sont les plus rigolos.
Côté dessin, l’immobilisme est de mise - à l’instar des idées reçues des masculinistes présentés ? Les plans répétitifs sur cinq à neuf cases offrent l’occasion de se concentrer sur les textes ; cependant le côté figé lasse sur la longueur. Pour y pallier, Jim a intégré quelques zooms et de légers décalages. Sans changer grandement l’atmosphère, ces effets permettent toutefois d’animer un peu l’ensemble. Pour finir, il convient de reconnaitre que certains cadrages sont éloquents et reflètent des attitudes encore trop courantes : comme ces jambes d’homme assis, largement écartées qui rendent compte d’une certaine volonté d’afficher sa virilité et d’occuper le territoire…
Le chant du cygne. Le féminisme vu par les vieux mâles en fin de course demande une solide dose de second degré et un estomac solide pour que son discours, volontiers forcé, soit apprécié.
Les avis
ayeaye
Le 08/10/2023 à 13:13:15
J'ai beaucoup aimé ce one shot (qui n'en sera peut-être pas un, au final ?). Les dialogues sont, selon les sensibilités, drôles, bien ciblés, percutants, dérangeants, incisifs. Il s'agit de planches-gags de six cases, axées sur le féminisme avec plein de point de vue plus ou moins différents et qui égratignent tous et -aussi- toutes ! Ma page préférée est celle avec les flics.
Ce qui m'a par contre fortement dérangé, se situe au niveau du dessin (et pourtant, on parle de Jim !!). Toutes les planches ont chacune le même dessin figé. Il n'y a pas de décors (mais là, c'est plutôt mieux). On a donc diverses scènes avec deux ou trois personnages (dont deux récurrents) qui ne bougent pas d'un poil. Encore une fois, c'est Jim aux crayons, et pas Reuzé, donc on s'attend à mieux et à plus travaillé ! D'autant que les dialogues évoluent mais pas les réactions et attitudes des persos. Le "pire", pour moi, c'est à "Dick Pics". Le tout donne un côté surréaliste, ça ne passe pas.
Même un bras qui bouge, un sourire, un petit rien ici et là, et on entrait directement au classique indispensable.
Dommage. Mais bon, à lire absolument quand même !!!