Info édition : En fin d'album : galerie des personnages avec correspondance entre leurs noms et leurs homonymes de la littérature russe (3 pages)
Résumé: Hantée par le souvenir de ses enfants assassinés, Natacha accepte d'être le cobaye d'une expérience neurobiologique menée par le gouvernement russe, le projet Anastasis.Elle devient vite le centre d'intérêt des scientifiques qui s'étonnent des réactions de la jeune femme et doutent de l'efficacité dut raitement qu'ils lui infligent. Ils redoutent le choc mortel que pourrait subir la jeune femme si elle apprenait, à l'instar des autres participants... qu'elle n'existe pas.
N
atacha fait partie d’un groupe de dix hommes et autant de femmes. Tous participent à une expérience dans un centre de recherche russe. Ils ont en commun d’avoir subi un traumatisme dont ils peinent à se remettre. Pendant une année, ils prendront part au projet Anastasis. Au terme de l’exercice, ils devraient être soulagés de leur poids. Avec son quotient intellectuel de cent quatre-vingt-quinze, la protagoniste réalise que quelque chose ne va pas. L’endroit s’apparente à une prison ; les gardiens sont d’ailleurs armés. Elle a aussi l’intuition qu’un mystérieux lien l’unit au professeur Vetrov, le maître des lieux.
Le prolifique Philippe Pelaez (Automne en baie de Somme, Le bossu de Montfaucon, La Chambre des merveilles) inscrit Ceux qui n’existaient plus dans un futur relativement proche. Le récit est bien mené, l’auteur distille doucement les indices pour conduire à une conclusion qui, si elle n’est pas vraiment surprenante, se montre satisfaisante. L’ensemble se présente comme un hommage au neuvième art ; chaque chapitre se dévoile sous l’égide d’un classique du cinéma anglo-saxon. D’abord Fenêtre sur cour, d’Alfred Hitchcock, suivi du réconfortant La vie est belle, de Frank Capra ; mais quand les choses se corsent, Vol au-dessus d’un nid de coucous, de Milos Forman, et Orange mécanique, de Stanley Kubrick, apparaissent au menu. Le jeu de pistes cinématographiques est intéressant ; cette information vend toutefois la mèche, alors que le bédéphile, s’il est un peu cinéphile, sait exactement à quoi s’en tenir.
La couverture est également très bavarde : une dame dans un fauteuil roulant, des électrodes plein la tête ; derrière elle un malabar armé d’un fusil muni d’un silencieux. Disposant d’emblée de toutes ces données, le lecteur comprend immédiatement que la convivialité des premières planches n’est qu’un leurre. Le dessin réaliste d’Olivier Mangin est soigné ; les comédiens jouent juste et les décors, dépouillés et impersonnels, accentuent le malaise dégagé par les lieux. La construction dynamique et les prises de vue variées donnent beaucoup de dynamisme au projet.
Un agréable suspens, parfois court-circuité par des indications trop nombreuses.
Les avis
Erik67
Le 17/12/2023 à 09:28:02
Moi qui travaille dans la protection des données, j'ai été plus qu'abasourdi par le début de ce récit où un agent ses services secrets discutent comme si de rien n'était dans un avion sur un projet gouvernemental assez spécial avec notre héroïne au milieu de l'ensemble des passagers. Je dois dire que cela ne fait ni sérieux, ni crédible. Pourtant, le ton de cette BD est très loin d'être humoristique en témoigne la scène d'ouverture où deux enfants seront massacrés par un tueur russe.
Le gouvernement russe souhaite en effet travailler sur la perte de mémoire des gens. Je ne sais pas vraiment dans quel objectif. Mon idée serait de mieux faire passer leurs mensonges éhontés aux yeux de la population. Après tout, le droit à l'oubli, c'est également faire table rase du passé surtout s'il est peu recommandable. Bref, cela n'existe plus. C'est justement tout le thème assez intéressant de cette BD.
J'aime bien ce type de graphisme assez dynamique qui rend la lecture fluide et plutôt agréable malgré une colorisation assez terne. Après c'est vrai que le récit se complexifie plus il avance. A la fin, on n'y croit plus vraiment.
L'idée de départ était assez intéressante puisqu'il s'agit d'oublier ses propres traumatismes mais également de les guérir. La fuite dans la mémoire n'a jamais été une bonne solution car on vit alors dans le déni.
C'est un thriller de plus qui ne se distingue pas vraiment pour moi de ce que j'ai pu déjà lire sur le thème de la machination d'état dans un genre complotiste. Certes, c'est efficace et cela peut plaire à un jeune lectorat. Je n’ai pas vraiment envie de connaître la suite et la fin.