Résumé: À travers quatre visites rendues à une amie atteinte d’une maladie grave, qui voit sa vie se transformer radicalement, l’auteur s’attache à décrire les changements opérés dans le paysage, au fil des années et de l’histoire d’un canton suisse qu’il a quitté il y a une décennie, mais auquel il reste fortement attaché.
Il se questionne sur le devenir de cet environnement, et analyse avec ironie la vision idéaliste que certains visiteurs passés ont pu donner de leur séjour dans ces lieux. Sur un ton poétique, le sujet du changement et de l’impermanence des choses est traité à travers l’histoire, la culture, la maladie et l’amitié.
Quatre saisons constituent les chapitre de ce roman graphique qui n’est ni un récit de voyage, ni un journal, ni une autobiographie, mais peut-être un peu tout cela à la fois.
P
artir, revenir, rester ? Il est des lieux qui ne s’oublient pas et vous ramènent étrangement à eux. Sommes-nous un peu comme ces saumons qui, après avoir sillonné les mers du globe, meurent dans le ruisseau qui les a vus naître ?
En quatre actes, Matthieu Berthod revient sur ses états d’âme et sur sa vallée. Cet album est de ceux dont le propos semble primer sur le graphisme ! Ici, aucune envolée picturale sur les paysages du haut bassin du Rhône, tout juste des croquis d’ambiance qui retranscrivent davantage la banalité de l’ordinaire que la sublimité des cimes helvètes. Ce one-shot est ainsi construit, oscillant entre considérations paysagères et analyse des rapports humains. L’auteur y fait surtout le constat du changement, de ces variations imperceptibles qui modifient et modèlent la montagne valaisanne et ses habitants, sans vraiment s’attarder sur les raisons et les conséquences d’une telle évolution. Dans un registre similaire, L’invention du vide de Nicolas Debon poussait la réflexion beaucoup plus loin.
Publiée aux Les Impressions Nouvelles, Cette beauté qui s'en va est le prétexte à une chronique douce-amère du temps qui passe. Ne reste que le souvenir d’une année écoulée sans que rien ne soit réellement fait pour en changer le cours.
Les avis
Erik67
Le 05/11/2020 à 11:50:59
Je n'avais pas aimé L'Homme perdu dans le brouillard du même auteur helvétique à cause d'une narration très pesante et semi-poétique. En l'occurrence, on va retrouver ces travers mais à un degré moindre puisqu'il y a quand même une histoire triste à la base à savoir la maladie qui gagne le corps d'une amie chère.
Cette beauté qui s'en va n'est pas que celle de la perte prochaine d'une amie mais également du détérioration de la Suisse, ce petit pays qui attire beaucoup de monde par sa richesse et qui se développe par conséquent. En effet, cela se construit de partout et de manière parfois absurde. Le beau paysage montagnard est totalement dénaturé. C'est un cri d'alarme contre cette beauté qui s'en va au nom du libéralisme.
Cette évocation du temps qui passe à travers les quatre saisons n'est pas nouvelle dans la bande dessinée. C'est une curiosité pour découvrir le canton célèbre du Valais. Les problèmes évoqués sont bien sûr universels.