Résumé: Une Japonaise, vivant en Italie, revient régulièrement au Japon et en profite pour rendre visite à son ancienne institutrice. Elle promet à la vieille dame de revenir la voir au printemps, lorsque les cerisiers seront en fleurs. Mais un tremblement de terre frappe le Japon, nous somme le 11 Mars 2011.
V
ie et mort sont inextricablement liées. Itsako le sait bien, elle qui, toute son enfance, a eu une santé des plus fragiles. Longtemps laissée de côté en raison de sa faiblesse physique, elle a finalement vu ses autres qualités reconnues par son institutrice, Madame Tada, avec laquelle elle est restée en contact. Devenue adulte, elle vit désormais en Italie où elle a épousé Angelo et ne rentre que rarement au pays. Alors que le printemps 2011 approche, elle se prépare joyeusement à retourner au Japon pour y voir les cerisiers fleurir. Mais, le matin du 11 mars, un appel la plonge dans la stupéfaction, l’angoisse et l’horreur.
Deux ans après le terrible tsunami qui a dévasté la province de Fukushima et l’accident nucléaire qui l’a suivi, Keiko Ichiguchi (America, 1945, Pourquoi les Japonais ont les yeux bridés) revient sur cet événement qui a ébranlé l’archipel nippon et le monde. À travers Itsako, c’est son propre vécu de la tragédie qu’elle livre, celui d’une expatriée qui a vu, de loin, sa terre natale sombrer dans le chaos. Empli de pudeur, très juste, le récit évoque le drame sans jamais en faire trop. Inutile de chercher des images chocs du sinistre – de celles qui ont fait le tour du globe, passant en boucle à la télévision -, l’auteur a préféré se concentrer sur la réaction de son héroïne et ne montre que quelques silhouettes de bâtiments touchés accompagnées des chiffres, crus, implacables. Ce choix confère encore plus de poids au propos et donne une résonance particulière à la façon dont le personnage central se démène pour glaner des informations ou s’investir avec d’autres compatriotes au lendemain de la catastrophe, ainsi qu’à son désir de tenir absolument la promesse faite à sa vieille enseignante. Le dessin fin et soigné accompagne agréablement et avec force l’histoire, transmettant les émotions au mieux et avec ce qu’il faut de retenue.
Les cerisiers fleurissent malgré tout constitue un belle lecture, à la fois poétique et philosophique, qui rappelle que toute chose est éphémère, à l'instar de ces fleurs que les Japonais aiment à contempler et dont les pétales se dispersent si vite au vent.