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rancis n'avait pas besoin de l'arrivée d'Atonia dans sa classe pour ne pas se passionner pour ses cours. Le jeune homme montre plus d'entrain à taguer les murs du collège avec son ami Howard ou à écouter les histoires de monstres de son grand-père libraire, qu'à préparer l'exposition que Mme Channing, sa prof d'arts plastiques, organise. Le talent de dessinatrice de sa nouvelle camarade va toutefois l'inciter à se pencher un peu plus sur les livres ésotériques qui garnissent les rayons de son papy. Avec de drôles de conséquences...
Un énième titre autour du mythe de Cthulhu, cela pouvait laisser dubitatif tant l'univers de H.P. Lovecraft a les faveurs des éditeurs du neuvième art (collection dédiée aux adaptations de Gou Tanabe chez Ki-oon, La Planète des cauchemars et Les rêves dans la maison de la sorcière chez Rue de Sèvres ou Akileos avec Dans l'abime du temps). Ici, Sébastien Viozat exploite L'appel de Cthulhu pour proposer une version orientée jeunesse. Il ancre sa trame dans un Providence contemporain où ses héros ont tout ou presque des adolescents d'aujourd'hui. À la fois mise en place et aventure auto-conclusive, cet album se révèle plaisant et maîtrisé.
Chargés de la partie graphique, Anne-Catherine Ott (Havre, Versipelle) pour le dessin et Gabriel Amalric (La Valise) pour la colorisation jouent dans le même registre : un trait tendance anime qui fait la part belle au mouvement et des couleurs sobres qui laissent la place à des aplats flashy, à dominante verts et orangés, lorsque la tension augmente. La dessinatrice, dont le style et l'expressivité qu'elle donne à ses protagonistes sont caractéristiques, privilégie la lisibilité et une mise en page claire. Ce choix facilite l'immersion et rend d'autant plus saisissants les fréquents passages entre réalité et fantastique. L'enquête monte peu à peu en intensité, comme en stress avec de franches touches d'épouvante. Le scénariste, habitué du genre, prend plaisir à jouer avec les nerfs de ses personnages et de ses lecteurs. Dosant les rebondissements et les révélations avec justesse, il rend son intrigue prenante. Et même si les amateurs de Lovecraft (ou les lecteurs les plus perspicaces) ne seront guère surpris, l'ensemble tient en haleine jusqu'au dénouement.
Simple et bien mené, Le Cercle de Providence réussit son pari - osé - en apportant un peu de fraicheur dans un univers à la mode. Totalement à sa place dans la collection Frissons de Jungle, cette première aventure devrait en appeler d'autres. Tous ceux qui aiment se faire (un peu) peur peuvent s'en réjouir.