Info édition : Noté "Première édition". Mois ou trimestre de dépôt légal non précisé, noté ici à parution. Couverture avec rabats.
Résumé: Troisième et dernier tome de la plus juste des chroniques adolescentes : après Celle que je ne suis pas et Celle que je voudrais être, Valentine semble la première à pouvoir dire « celle que je suis ». Peut-être saura-t-elle concilier ses différents groupes d'amis, parler à Félix sans rougir, partager son temps entre les mangas, le hip-hop et, accessoirement, le bac français ? Une grande réussite : les ados se sentiront enfin compris et les adultes se souviendront de ces années de formation bien chaotiques !
V
alentine change, progressivement. La collégienne découverte dans Celle que je ne suis pas a cédé la place à la lycéenne qui entre en 1ère. L’occasion est donnée une dernière fois de suivre sa mue tranquille, avec un plaisir renouvelé. Avec ce portait d’une jeune fille semblable à tant d’autres, Vanyda a construit une œuvre délicate et juste.
A l’orée de la rentrée, Valentine est en apparence telle qu’on la connaît : jupe à carreaux fétiche, s’abandonnant à la flânerie songeuse, affalée sur son lit. Un peu plus recroquevillée sur elle-même peut-être. Autour d’elle, les autres évoluent au moins autant qu’elle-même. Plus soucieux de leur image, de faire évoluer celle-ci pour que le regard que les autres portent sur eux change. Parfois, la transformation physique est si marquée qu’on ne remet plus un nom sur une connaissance perdue de vue depuis quelques mois et qu’on s’aperçoit qu’il va falloir la considérer différemment. Parfois, pour plaire, pour répondre aux attentes d’une conquête, l’un ou l’autre va jusqu’à mettre sa personnalité sous l’étouffoir. Le groupe auquel appartenait Valentine s’étire, au bord de la dislocation, à cause de la composition renouvelée d’une classe, d’un flirt avec un « étranger » qui n’intégrera pas la petite communauté, ou plus simplement de l’envie de voir autre chose. Alors, même à 16 ou 17 ans, la nostalgie d’une complicité qui se trouve fragilisée point. De la même façon, les points de repère qu’on croyait permanents et inamovibles s’estompent (ce copain d’enfance sur lequel on porte forcément un autre regard, qui pose la question du test de la séduction et de la possibilité de conserver un confident de l’autre sexe). Sans être une rebelle tapageuse, Valentine veut s’affirmer, trouver sa place, probablement qu’on la trouve moins prévisible aussi pour devenir « Celle qu’elle est » en fin d’album.
Si la trilogie Celle… touche aussi profondément, c’est parce que les étapes de cette mue sont parfaitement dosées, maîtrisées. Pas plus que les personnages - aux caractères pourtant bien distincts et représentatifs d’une certaine frange de la jeunesse - ne sont caricaturaux (il y a bien des stéréotypes mais ils sont façonnés d’un trait léger), la transformation de la personnalité des membres de la petite bande ne donne pas dans la métamorphose tapageuse ou fracassante. L’auteure corrige, rectifie, peaufine l’image et le caractère des uns et des autres tout au long des presque 600 pages qui constituent son récit. Ses ados ne vivent pas non plus hors du monde qui les accueille et sont capables de s’indigner (contre les discriminations, raciales ou homophobes) voire de se mobiliser pour, il faut bien le dire, suivre l’air du temps plus que par conviction militante (combien de manifestants simplement heureux de prendre l’air, de se marrer en groupe ou de sécher quelques heures de cours dans les cortèges contre les réformes de l’Éducation ?). Ou simplement de montrer que la voie qu’on a tracée pour eux n’est pas celle qu’ils entendent emprunter. Une rébellion sage et raisonnée. C’est sur le même ton, jamais pontifiant ni virulent que le sujet de la sexualité est abordé, avec naturel.
Véritable éloge de la simplicité, précieux dans son art de jouer du naturel avec maestria, maîtrisé de bout en bout dans la conception de son exposé, le trio Celle que je ne suis pas – Celle que je voudrais être – Celle que je suis fait figure de livre-référence. Pas nécessairement au sens d’une étude sociologique que son auteure ne revendique probablement pas, mais parce qu’en trois volets Vanyda aura montré que l’intime peut être restitué avec délicatesse sans se voir estampillé « fleur bleue ». Accessible bien entendu au public qui a l’âge de Valentine, il sera aussi capable de charmer la génération précédente qui n’a rien oublié de ces années-là, qu’elle soit devenue parent d’adolescents ou pas.
Les avis
yannzeman
Le 11/02/2016 à 22:29:32
Souvent, on est un peu déçu par la fin d'une histoire.
Ca part souvent fort, et puis ça s'étiole, fait pschitt, parce que bien souvent, l'auteur ignore où il va aller.
Là, le 3è tome conclut en beauté une histoire sans fausse note, personnelle et pourtant universelle.
J'ai beau être un homme, père de famille de 45 ans maintenant, j'ai adoré cette histoire en 3 tomes, sur une adolescente normale et ses amours contrariés.
Merci pour tout ça.
wolfiz
Le 14/02/2013 à 10:14:33
Il est tard genre très tard et donc c'est le moment de faire un trois-contre-un, une critique 3x1 je veux dire; à quoi pensiez-vous encore ? Qu'il me manque deux doigts ?
La série "Celle que ..." nous permet de suivre l'histoire de Valentine en format triptyque édité en noir/blanc où en couleurs car j'ai cru comprendre que l'éditeur les ressorts en 6 volumes moins épais mais en couleurs. Je doute que ce soit fait juste pour le plaisir des yeux (le dieu $$ surement derrière cela) mais d’après ce que j’ai vu , c’est pas mal du tout et cela donne une autre ambiance (j'ai également mis une photo ^^)
Valentine est une fille qui est au lycée, en troisième ; Fille de divorcée, elle habite seule avec sa mère dans un petit appartement (ou dans tous les cas le papa est loin); Pure adolescente de sa génération, elle vit son quotidien avec sa bande de copines Emilie, Julie et Yamina la fan de manga. Ces préoccupations quotidiennes sont celles des filles de leurs âges : les garçons évidemment, les interdits tel que l’alcool, la cigarette et j’en passe ; c’est l’âge des découvertes ... Grâce à sa bande de copine, On suit comment Valentine va tisser ces différents liens sociaux, se construire, éclore tel une chrysalide avant de devenir un joli papillon, une femme.
La découverte de la cire à épiler (aïe, ça fait mal), le mec un peu craignos qui vous drague en vacances, les rendez-vous à la récré pour fumer une clope à travers un grillage, les premières disputes avec ces amies et parfois la prise de distance avec certaines qui sont trop exclusives ou élitistes ou qui n’évoluent plus avec vous. De nouvelles copines aussi comme Juliette la super danseuse de hip-hop ... et puis Félix, ce garçon qui l'intimide comme pas possible quand elle le voit ...
Vous l'avez compris (ou pas mais c'est pas grave sinon ça veut juste dire que t'es au fond de la classe ^^) ... c'est un chronique sur l'adolescence féminine qui est écrite et dessinée avec une justesse. La psychologie des personnages est finement décrite et l'on sent que l'auteure à vécue la chose , qu'il y a un petit quelque chose d’autobiographique. L’évolution jusqu’à la maturité, celle qui nous rend plus grand(e) et le tout exprimé avec retenue.
Découpé en trois volumes d'une 100aine de pages chacune pour en faire une jolie trilogie, on découvre dans le premier volume ce qu'el n'est pas, le deuxième ce qu'elle voudra être et finalement ce qu'elle sera.
Cela plaira aux filles en fleur, aux ados, aux adultes aussi et toute personne qui aura une fibre un peu féminine où curieuse. J'ai été étonné d'avoir aimé cette bd alors qu'au final il y a pas de baston, de méchant, de quête etc ... c'est juste beau, ça se laisse lire et c'est criant de vérité. Une belle page à mon gout qui sonne très vrai et je suis sure que pas mal de fille vont dire "dingue, c'est exactement moi!".
Graphiquement, on ne saurait nier que Vanyda (rien à voir avec Veronique et Davina) à un style très manga avec une pointe de bd franco-belge, on peut être aussi perturbé au début par l'utilisation du tramage de gris qui choque un peu mais on s'y habitue rapidement, mais cela choque tout de même quand on ne s'y attend pas ;)
De beau moment de plénitude, de calme, de vide. C'est simple, c'est beau, c'est vrai ... A lire, même si vous avez l'âme d'un poteau télégraphique ou si vous êtes fan de Steven Seagal.
Evidemment, voici l'avis de ma warrior de fille qui a lue les trois volumes (avalée j'aurai pu dire) :
C'est bien mais c'est pas très bien dessiné, c'est pas comme les mangas. Mais j'ai beaucoup aimé :)