Le 04/02/2025 à 08:22:00
Une BD cocasse sur l'irréalité des rêves... Dans ce soir c’est cauchemar, Nicole Claveloux raconte l’irruption des services de la raison et de la logique dans le subconscient, pour inspecter les méandres du sommeil. Dans cette analogie évidente entre un cerveau et une entreprise, il s’agit de satisfaire la directrice, celle à qui appartient le cerveau, Nicole Claveloux elle-même. Sauf que les employés du service des rêves sont évidemment assez rétifs à cette inspection. Sinon ça ne serait pas très drôle, y compris pour une directrice particulièrement bienveillante... Il y a Loïc Lalune, allégorie de l’imagination sous les traits d’un enfant ; Lili et Zizi Frisson, spécialistes des émotions et des sensations ; Raoul Turbin, « préposé au Rendement », une bonne pâte mais qui travaille plutôt en journée ; Madame Reine Bancale, « experte de mémoire »... Et enfin Mr Rébus, dont le nom est suffisamment éloquent. Le scénario, situé quelque part et de manière paradoxale entre surréalisme et réalisme, fait beaucoup de bien et permet de comprendre les mécanismes des rêves et des cauchemars, mais de façon très ludique et plaisante. En plusieurs chapitres, on peut d’ailleurs étaler notre lecture sur plusieurs nuits... Salvateur si on souffre d’insomnies. Autrement le trait fin et précis de Nicole Claveloux illustre de façon irrésistible les séquences imagées de notre sommeil (ou plus spécifiquement de son sommeil). Elle prend quelques libertés appréciables dans la composition, la graphie des bulles... J'ai apprécié tout particulièrement le jeu sur la profondeur de champ et le fourmillement des détails... Mais l’ensemble reste très accessible, on ne peut plus lisible. ...Par une autrice majeure de la BD contemporaine, parfois injustement snobée.Le 27/10/2024 à 10:07:38
Ceci est non seulement un livre plein de rêves et d'images, mais aussi un livre sur la vieillesse. Un endroit où la logique et l'imagination se rencontrent, où l'envie de performance se calme, où les souvenirs ne sont pas toujours et difficilement accessibles, où l'émerveillement ne doit plus jouer le premier violon, et où l'imagination se fatigue parfois. La seule chose qui persiste est l'éthique imposée par la société, désormais obsolète, mais qui est souvent littéralement jetée par-dessus bord. La finitude et la relativité de ces facettes de la personnalité condamnées à vivre ensemble sont magnifiquement illustrées lorsque ce morceau fragile d'identité est absorbé dans l'univers, où pour chaque grain de sable sur la Terre, on peut imaginer un billion d'étoiles, juste pour avoir une idée de l'immensité de cet univers. Une œuvre poétique qui fera réfléchir beaucoup de gens.BDGest 2014 - Tous droits réservés