Résumé: À partir d'un petit village du Dauphiné dont il est originaire, Jacques Terpant raconte l'histoire de la civilisation rurale en France, de l'an mil, où ce monde s'installe, à sa mort, au XXe siècle. À travers six histoires qui se suivent dans le temps, en se basant sur son histoire familiale, il fait revivre les grandes étapes de notre histoire, de ce monde en soi, ses élites, ses bourgeois, ses prolétaires et ses paysans... «Je fais partie de cette génération qui a vu disparaître une civilisation qui avait duré dix siècles, une autre vient que je ne verrai pas. Au détour de lectures, à la radio, je les reconnais, ceux qui comme moi, ont entrevu cet ancien monde. Ils peuvent être très différents : des écrivains comme Pierre Bergounioux, Pierre Jourde, Pierre Michon, Richard Millet, Jean-Loup Trassard, Jean Clair ou Marie Hélène Lafon, des historiens comme Alain Corbin, le chanteur Jean-Louis Murat... Tous ont en commun cette conscience de l'irrémédiable disparition, qui fait parenté entre eux. C'est la coupure historique entre l'homme et la terre, la disparition de la société agraire traditionnelle qui avait construit ce monde. Un monde qui s'efface et dont, comme le Cheshire cat, le chat d'Alice au pays des Merveilles, nous en voyons encore le sourire là où beaucoup ne discernent plus rien. Comme Marie-Hélène Lafon, avec son Cantal, Bergounioux et sa Corrèze, Trassard en Mayenne, c'est à partir d'un pays du Dauphiné, le mien depuis toujours, que je vais chercher "Ce qu'il reste de nous", après mille ans d'histoire...» Jacques Terpant
Cet album vaut le détour, absolument !
On n'est pas sur un chef d’œuvre de création artistique, mais sur une réflexion bien posée sur ce qui est sans doute un changement fondamental dans nos sociétés. On aurait pu faire le même travail sur n'importe quelle région française, il s'agit là du Dauphiné. L'auteur revient sur la longue histoire d'un monde où les hommes avaient des racines et une mémoire ancienne et collective, un monde où les hommes faisaient le lieu et le lieu faisait les hommes. Il ne s'agit pas de s'interroger sur ce qui était bien ou non, ni de tomber dans le "c'était mieux avant", mais de mener un constat, celui d'une bascule vers autre chose, bascule radicale, sans doute sans retour, et que l'on n'a pas forcément bien mesurée. L'entrée dans un monde où nous naissons ici et vivons là pour mourir ailleurs, où nous voyageons pour travailler ou connaître autre chose, où nous sommes face à un infini de possibles, de découvertes, de choix, de libertés (parfois), mais un monde souvent sans racines, sans passé et peut-être sans mémoire. Mieux, moins bien, peu importe, ce n'est pas le sujet. (J'ai d'ailleurs moins aimé les trois quatre dernières pages qui prennent un peu trop parti). Un monde qui avait des siècles d'existence disparait, asseyons-nous un moment pour y réfléchir. C'est ce que ce livre nous invite à faire.