L
’auteur isérois Gilbert Bouchard, diplômé d’une maîtrise d’Histoire, aime sa région et lui a déjà consacré plusieurs ouvrages. Il s’intéresse ici au Duc de Lesdiguières, né à Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes) en mille cinq cent quarante-trois et mort en mille six cent vingt-six. Né François de Bonne, ce chef de guerre relativement méconnu fut pourtant une figure marquante des guerres de religion et l'ultime connétable de France.
Monsieur Bouchard connaît manifestement bien son sujet et sa mise en lumière est très didactique, au point d’être quelque peu austère. Il faut dire qu’il n’est pas aisé de retracer en cinquante-six pages le parcours d’un homme mort à l’âge de quatre-vingt-trois ans et qui participa activement à l’un des épisodes les plus sanglants de l’Histoire de France. Le scénario s’attache surtout aux faits d’armes et ne dispose que peu de place pour parler de l’humain. Heureusement, l’introduction d’un élément fantastique via la présence de Lucifer – avec qui le père du futur duc a conclu un pacte garantissant à son fils longue vie, gloire, fortune et amour – qui commente les événements donne un aspect truculent bien venu. Cet effet est plaisant et habile car s’inspirant sans doute d’une légende (La Pierre Percée de la Motte d'Aveillans) entourant le personnage qui veut que ce dernier, à l’âge de quatre-vingts ans, ait eu des relations avec Satan afin d’agrandir le mur du parc de son château de Vizille.
Le dessin, qui n’est pas sans évoquer celui de Julliard est fonctionnel et n’apporte pas la chaleur et la passion qui manque au récit. Au final, les amateurs de la grande Histoire devraient pouvoir y trouver leur compte, contrairement à ceux recherchant le souffle épique.