L
e jour de la naissance de Terram est pour Marcus et Stella le plus beau moment de leur vie. Si la première bouffée d’oxygène de leur fils sonne comme une délivrance, Stella ne parvient cependant pas à se débarrasser de cette désagréable impression qu’à tout moment une force maléfique peut venir transformer ce rêve en véritable cauchemar. Le ciel obscur à la sortie de maternité ne laisse d’ailleurs rien présager de bon. Des craintes qui se confirment quelques années plus tard, lorsque Marcus se retrouve avec une femme plongé dans un coma profond et un fils terré dans un mutisme dont il ne sort que lors de crises de terreur violentes. Désemparé et impuissant face à ce double coup du sort que la science ne parvient pas à expliquer, il se tourne alors vers la seule piste qui puisse apporter une explication à ses malheurs : une sombre histoire de malédiction familiale …
Dès les premières pages, le premier volet de cette trilogie cauchemardesque s’attaque à cette part de la famille qui ne laisse personne indifférent : une mère et son enfant. L’empathie qui en résulte contribue à happer le lecteur dans ce monde où l'infortune frappe obstinément à la même porte. L’histoire livrée par Sand est celle d’une peur, celle de perdre un être cher, mais également celle d’une lutte inconditionnelle, celle de parents prêts à affronter les ténèbres pour sauver leur progéniture. Plongé dans le noir, le récit avance à tâtons pour, au fil des flashbacks, épaissir le mystère qui l’entoure et augmenter la détresse de ce père de famille.
Malgré quelques dialogues qui manquent un peu de naturel et des éléments scénaristiques somme toute assez classiques, cette tragédie horrifique se dévore d’une seule traite. Le travail de Brice Cossu (Rémission, Paradis Perdu - Psaume 2) aux dessins et de Caroline Van Den Abeele à la colorisation n’y est certainement pas étranger. Ce graphisme, qui peut rebuter au premier abord, sert parfaitement l’ambiance onirique et démoniaque du récit et contribue à installer le sentiment d’angoisse qui accompagne cette lente descente aux enfers. S’autorisant une grande liberté au niveau du découpage, le dessinateur influe sur le rythme de lecture et n’hésite pas à s’attarder sur certaines scènes à l’aide de cases en pleine page.
Deux tomes avant le dénouement de cette histoire, les interrogations demeurent nombreuses et l’envie de poursuivre Les Cauchemars de Terram persiste.