Résumé: 1904, à l’école de Carlisle, destinée à l’acculturation des jeunes Indiens, le directeur Pratt confie au professeur Jonas l’organisation d’un voyage à New York pour une vingtaine d’élèves indiens. L’occasion d’impressionner la bonne société par le niveau d’érudition de ces enfants afin de solliciter leur générosité. C’est ainsi que les élèves vont découvrir une métropole et juger de la puissance de l’homme blanc à travers le gigantisme de la ville… Contraint de rentrer à Carlisle, Jonas préfère la piste au train. L’occasion pour ses élèves de retrouver les réflexes d’autrefois dans une nature hostile, ce qui suscite l’admiration du professeur et des doutes quant au bien-fondé de leur intégration. D’autant plus qu’il se rapproche de la jeune indienne Elisabeth. De retour à l’école, les choses se précipitent. Jonas se heurte à Pratt et s’éloigne de son épouse Mary. Le soir où Elisabeth s’offre à lui et qu’ils sont surpris par le major Mercy qui croit tenir alors sa vengeance, le drame s’avère inévitable…
L
es idées les plus vertueuses peuvent s’avérer des plus pernicieuses si elles sont dévoyées de leur finalité originelle. C’est ce que découvre Jonas : croyant œuvrer à l’éducation de jeunes Indiens, il s’aperçoit qu'il concoure à l’éradication de leur culture !
Avec Retour aux sources, Édouard Chevais-Deighton clôt, trop rapidement, un diptyque consacré à un sujet méconnu. Dans ce dernier volet, son scénario se perd dans des considérations subalternes, par trop manichéennes, qui viennent diluer et édulcorer le propos initial. D’un côté les bons petits Lakota, de l’autre, l’arrivisme, la brutalité et le béni-oui-ouisme de l’Amérique blanche. Les choses ont le mérite d’être simples, mais un peu plus de recul n’eut pas été superflu et aurait évité à ce récit, un rien idéaliste, de perdre de sa force et par là même de son intérêt. Si, finalement, le lecteur comprend pourquoi Jonas deviendra Oskate Tawa Kin Kaska Yanka, il restera cependant sur sa faim concernant les raisons qui, soixante-dix ans plus tard, en pleine crise du Watergate, l’amèneront à se retrancher près de Wounded Knee ! Parallèlement, le graphisme de Laurent Seigneuret n’arrive pas à emballer cette histoire du fait d'un trait par trop statique et d'un léger manque de précision.
Carlisle possède toutefois le mérite, comme ce fut le cas pour Les innocents coupables, de mettre en lumière des méthodes pédagogiques que l’on voudrait croire révolues.