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ercer des abcès, palper des poitrines moites, faire face à une personne mourante… Pas facile la vie d’interne. Cynthia en sait quelque chose, elle qui s’interroge sur sa vocation et la voie qu’elle a choisie. Les choses vraiment pas ragoutantes, çà va un moment, mais, parfois, elle n’en peut plus, d'autant qu'elle a toujours aimé dessiner. Puis il y a ses parents qui ne la comprennent pas. Pas davantage que Bruno, son copain, bien gentil mais peu excitant. Alors la jeune femme profite des nombreuses soirées organisées à sa fac pour se lâcher, flirter avec le beau Victor et boire - trop - jusqu’aux petites heures du matin. Mais est-ce cela qu’elle cherche ?
Expérience authentique, humour et talent au crayon s’additionnent dans Carabin et caipirinha pour former un récit aux accents autobiographiques et plein d’allant. Réellement diplômée de l’Université Fédérale de médecine de Rio de Janeiro, Cynthia Bonacossa a en effet puisé dans son vécu pour raconter ses tribulations d’étudiante et, surtout, ses doutes et questionnements. Qu’ils concernent l’orientation vers des études supposées déboucher sur un « vrai » métier ou des problèmes plus intimes, comme les affaires de cœur, les thèmes abordés ne laissent pas insensibles et parleront à beaucoup. Les sempiternelles fiestas et leur cortège de dérapages en tous genres ne sont qu’un paravent ou un sursaut de vie face à des réalités morbides ou macabres, mais aussi face à une certaine solitude. Le traitement plutôt joyeux et la propension de l’artiste brésilienne à mettre en scène les aspects festifs ne font que renforcer, justement, cette dichotomie. L’ensemble est porté par un dessin semi-réaliste et expressif qui ne s’embarrasse guère de fioriture et se révèle aussi cru que le sont souvent le texte ou les situations.
Une histoire qui sent le vécu, directe et sans faux-semblants qui se lit avec plaisir et engendre quelques sourires.