L
e cannabis, à l’image du tabac et de l’alcool, accompagne l’homme depuis la nuit des temps. En Inde, particulièrement, il est parti prenante des mythologies les plus anciennes. Peut-être trop indomptable ou libérateur pour la modernité, il a été mis à l’index au tournant du XXe siècle et catalogué comme drogue, certes douce, mais néanmoins stigmatisée et évidemment combattue partout autour de la planète. Aujourd’hui, il fait un retour en raison de ses applications médicales et de nombreux pays ou provinces l’ont ou sont en train de le dépénaliser, voire le légaliser.
Dans Cannabis la criminalisation de la marijuana aux États-Unis, Box Brown (André le géant) s’intéresse particulièrement à l’histoire de cette substance à l’aura sulfureuse et comment elle a été la cible du Département de justice. Après un bref rappel historique et biochimique, l’auteur retrace un siècle de désinformations au service d’une cause sanitaire infondée mêlée de morale bigote et d’une bonne dose de racisme. En effet, jusqu’à très récemment, aucune véritable étude scientifique n’a réellement étudié en profondeur les effets du THC sur les organismes et la société. Tous les rapports et arguments avancés par les autorités étaient soit biaisés pour des raisons politiques ou simplement basés sur des racontars non vérifiés. Résultat, associé à l’héroïne, le haschisch était un des ennemis à abattre dans « la guerre contre la drogue » portée par tous les présidents américains depuis Richard Nixon.
Exposé clair et documenté (même si une bibliographie aurait été appréciée), le ton de l’album s’avère être passablement à charge. Si l’inhalation des effluves du chanvre indien n’est pas synonyme d’un aller simple vers l’enfer, il reste un psychotrope puissant et son utilisation prolongée n’est pas sans risque pour la santé. Le scénariste a également préféré passer sous silence les effets collatéraux délétères des trafics illégaux et pas un mot non plus sur les conditions de production et les possibilités de contaminations ou de coupage du produit fini. Ces choix sont compréhensibles, mais donne à l’ouvrage une allure militante un peu trop certaine d’elle-même pour totalement convaincre.
Malgré ce bémol et grâce à des illustrations simples très faciles d’accès, Cannabis la criminalisation de la marijuana aux États-Unis remplit son rôle informatif et remet certaines pendules à l’heure eu égard à l’hypocrisie officielle perpétuée depuis des lustres envers le kif et ses amateurs.