Résumé: Jeune illustratrice d’aujourd’hui, Constance se venge des mille et une agressions quotidiennement subies par les femmes dans une bande dessinée de son cru, intitulée Camel Joe, qui célèbre la vie trépidante d’une justicière anti-macho. Une forme de défoulement qui pourrait se concrétiser par une publication professionnelle… Mais encore faudrait-il que la jeune femme, parfois traversée par le doute, ose s’affirmer davantage. Heureusement, il y a sa bande de copines, son petit ami, les concerts de Worst Coast, son groupe préféré, sans oublier Camel Joe elle-même : qui sait si cette bombe de papier n’existe pas pour de vrai ?
Du bon usage des leggings, du camel toe, du sang menstruel et des emportements contre tous les relous… Gentiment provocatrice, allègrement féroce et limite punk, Claire Duplan possède un style et un ton qui n’appartiennent qu’à elle, débordant d’humour et d’énergie. Autant dire que le machisme patriarcal n’a qu’à bien se tenir : Claire Duplan est en ville… et ça va saigner !
I
l ne suffit pas d'enfiler des leggings panthère pour ressembler à Camel Joe, la super-héroïne de papier qui mate les mecs grâce à son super kick. En effet, si celle-ci castagne à l'aise les dragueurs lourdingues, Constance, sa créatrice, ne réussira qu'à se faire insulter et humilier. Qu'à cela ne tienne, la dessinatrice va se consoler avec ses copines aussi remontées qu'elle et régler le compte de ces machos, en images bien sûr. Et oui, la vie est bien différente de la fiction.
Voici un premier ouvrage qui ne prend pas de gants pour aborder et critiquer le quotidien actuel de la femme. Avec un ton incisif résolument moderne, Claire Duplan décrit l'ordinaire d'une illustratrice qui ne supporte plus d'être spoliée par ceux qui se complaisent dans «l’auto-contemplation de la couille». Vous l'aurez compris, les gars en prennent pour leur grade, mais aussi le défoulement des réseaux sociaux et les médias qui ont la fâcheuse tendance à ne pas tout dire et à déformer le peu qu'ils divulguent. Les situations sont crédibles et très réalistes, peut-être trop car certains détails peu ragoutants auraient pu être épargnés au lecteur. Féministe, mais pas chienne de garde pour autant, l'artiste ne fait pas dans la dentelle avec son humour trash tout en sonnant juste, au demeurant.
Le style enlevé ne cherche pas l'esthétisme mais l'expressivité et la vivacité, avec des visages très caricaturaux aux grands yeux écartés et des nez pointus. L'absence de couleurs et la dureté du trait accentuent cette volonté de «si cela ne vous plait pas, c'est le même prix».
Si les filles réclament l'égalité avec les garçons, elles ne sont pour autant obligées d'adopter leurs défauts. Camel Joe dénonce les abus de la société patriarcale de manière directe et efficace, cependant, un peu de douceur et de finesse aurait montré, justement, que les descendantes d'Ève ont plus d'intelligence et de subtilité que les fils d'Adam.