Résumé: Reno, Nevada. Il fait une chaleur infernale, mais Ethan Karoshi n’y prend pas trop garde, puisque tout ou presque va pour le mieux dans son existence de quarantenaire épanoui : son boulot de flic reconnu par sa hiérarchie, ses parties de pêche assidues pratiquées avec passion, son foyer heureux avec sa femme Julie, ses amours clandestines bien réglées avec la rousse et volcanique Debra…
Cette belle mécanique, pourtant, va brusquement se dérégler. On découvre sa maitresse étranglée avec du fil de pêche. Puis le cadavre d’un autre amant régulier de la jeune femme, assassiné lui aussi. Un mauvais pressentiment taraude Ethan. Tout se passe comme si un piège se mettait lentement en place, dont il était la proie désignée. Mais qui peut lui vouloir du mal à ce point ? Et pourquoi ? Le flic se débat, enquête, s’agite. Sans immédiatement comprendre qu’on l’a ferré comme un poisson et qu’il est en train de s’épuiser, tandis que son prédateur l’attire lentement à lui, vers l’issue fatale…
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i]Burn Out est l’histoire d’une descente aux enfers, d’un quotidien bien rangé qui, soudain, s’enflamme. Cette existence réglée comme une horloge est celle d’Ethan Korashi, flic quadragénaire qui mène une vie heureuse avec son épouse et partage son temps libre entre les parties de pêche et de jambes en l’air avec sa maîtresse. Sa nouvelle enquête, pourtant, pourrait bien bouleverser tout cela.
En habitué du polar, Antoine Ozanam investit à nouveau une collection KSTR qui a perdu son logo mais pas son format pour s’adonner à l’un de ses genres de prédilection. Tout est d’ailleurs soigné aux petits oignons, entre des personnages charismatiques et un scénario à la mécanique bien huilée. Les plus tatillons lui reprocheront un usage peut-être trop enthousiaste de l’ellipse, mais, à l’heure du bilan, force est de constater que l’auteur maîtrise bien toutes les ficelles du métier. D’autant plus que le dessin de Mikkel Sommer, tout en suggestion et en ambiance, impose une signature très personnelle, avec pour résultat des planches au charme indéniable et une atmosphère bien typée.
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? À y regarder de plus près, il manque tout de même à ce one-shot ce qui faisait le sel, par exemple, d’un We are the night, polar racé du même Ozanam. La différence est ténue et tient à des détails : narration un rien plus prenante, textes un rien plus percutants, dialogues un rien plus convaincants… autant de petits riens qui font la différence entre un album bien réalisé et un autre qui fera date dans l’esprit du lecteur. Sans doute aurait-il fallu ici davantage de radicalité dans la façon dont le récit se déroule, même si, par son esthétisme et son art consommé d’entretenir le suspense, Burn Out reste d’une fort bonne facture.