Résumé: Le bureau des complots est une agence secrète qui se place au-dessus de tous les gouvernements. Son nom ne vous dit rien. Et pourtant, il sait tout de vous, de quoi demain sera fait, et programme chaque événement. Le 11 septembre ? Rien n'a été laissé au hasard. Henry, l'un des membres du bureau, vous plonge au coeur du secret et dévoile le quotidien cynique de ces mystérieux hommes de l'ombre...
A
ux oubliettes la CIA, enterrée la NSA, à la niche Fox Mulder, c'est le Bureau des complots qui détient vraiment la vérité et même mieux, il la fabrique ! Bon, en ce début du mois de septembre 2001, ils n'ont pas vraiment le temps de vous parler, ils sont en plein déménagement, ils quittent discrètement New-York et leurs bureaux du World Trade Center pour une destination, évidemment, inconnue.
Les amateurs de conspirations géopolitiques sont à la fête dans le nouvel album de Jérémy Mahot. L'auteur des Frères Zimmer déroule avec une certaine jubilation tous les fantasmes des aficionados de la théorie du complot. Des « on » aux ordres de mystérieux « ils » orchestrent, dans le plus grand secret, la vie de la société (principalement américaine) en fomentant incidents et catastrophes. Malheureusement, le scénariste n'apporte rien de très nouveau au sujet. Toutes les situations ont déjà été vues et revues, des machinations (JFK, le 11 septembre, etc.) aux relations familiales des protagonistes (travailler dans le secret n'est pas bon pour la vie de couple). Si l'ensemble est raconté efficacement et avec pas mal d'humour, le manque d'originalité des propos et de nouvelles affabulations farfelues se font drastiquement sentir, rendant la lecture passablement lassante sur la longueur.
Graphiquement, Jérémy Mahot a choisi une démarche radicale qui tranche avec le côté ordinaire du scénario. Adepte d'un dessin minimaliste à l'ordinateur, ses cases ressemblent à des captures d'écran d'un jeu sur Atari ou autre micro-ordinateur du passé. Les personnages se limitent à des espèces d'excroissances digitales à la grâce digne de Playmobil. La mise en scène, répétitive et simpliste, finit par faire passer cette BD pour un story-board de série animée destinée au Web (c'est peut-être le but du projet). Cette simplicité (et pauvreté) dans l'approche est évidemment voulue et assumée, reste à voir combien de bédéphiles l'embrasseront.
Mélangeant narration expérimentale et sujet rabâché, Le bureau des complots peine à convaincre.