Résumé: Yannick est un anesthésiste en chômage spécialisé en « mutation sanitaire ». Quand son ancien professeur lui offre l’opportunité de gagner beaucoup d’argent, malgré ses soupçons, il l’accepte. Il se retrouve alors dans une clinique clandestine pour "soigner" son seul client : la Mafia. Bientôt, il se rendra compte qu’il a pris la pire décision de sa vie.
L
a « Mutation Sanitaire » doit son existence aux travaux du professeur John F. Buckson. Financé par une entreprise privée, le futur prix Nobel a élevé et développé des organismes génétiquement modifiés pour aider et soigner l'humanité. Il théorisa ses découvertes et mît sur pied la symbiose parasite-humain, la « révolution sanitaire » suivant trois axes principaux : fournir un anesthésique (et un stimulateur) efficace et puissant, combattre les maladies dégénératives et pratiquer de meilleurs soins palliatifs ; le tout sous contrôle de l'État.
Il était évident qu'une telle avancée allait attirer les convoitises... Entre le marché noir et les hôpitaux clandestins, nombreux sont ceux qui voudraient en tirer avantage. Yannick, fraîchement diplômé en anesthésie, va rapidement se rendre compte qu'il n'aurait pas dû emprunter les chemins de traverse...
Victor Araque Marcos l'explique dans les bonus, il a créé Buckson sept ans avant de pouvoir l'écrire entièrement et a pu à loisir imaginer le cadre de son album. D'une nouvelle parue dans la revue Parada Magazine, il tire un thriller d'anticipation, basé sur une avancée médicale, qui prend aux tripes et ne lâche pas sa proie jusqu'à la dernière page. Nerveux, son récit possède la fascination propre aux meilleures histoires fantastico-gore. Dès la première scène, le lecteur se retrouve plongé dans un univers glauque et poisseux qui met mal à l'aise. Et la suite des évènements ne le laissera à aucun moment reprendre son souffle ! Dérangeant, un peu, inquiétant, beaucoup, bluffant, passionnément : voila comment pourrait se résumer cet album tant l'auteur parvient à maintenir la tension de bout en bout. Son héros a tout d'un homme ordinaire, se servant de ses connaissances pour se faire un peu d'argent en douce. Mais, très vite, le cours des choses lui échappe et le voilà embarqué dans un déchaînement de stress, de violence, de sang et de mort dont il ne pourra sortir indemne. Et tant pis si certaines incohérences pointent et quelques facilités sont aperçues, grâce à une parfaite gestion du rythme et une judicieuse science des rebondissements, l'intérêt ne faiblit pas vraiment (bien sûr à la condition d'adhérer un minimum et de se laisser porter par une telle aventure).
Épaulé par Rocio Estepa Corredera pour les couleurs, pour le dessin aussi l'auteur espagnol va à l'essentiel. Très proche des comics dans la forme, ses planches sont également tournées vers le dynamisme grâce à un découpage étudié et efficace. Son trait simple et vif va lui aussi dans ce sens. Évidemment, vu le propos, les tons carmins sont de sortie mais souvent à bon escient, et amplifient cette sensation d'urgence et de danger.
Buckson est un petit plaisir coupable bourré d'adrénaline. Une lecture qui remue, secoue et divertit mais à ne pas mettre entre toutes les mains.