Un album qui décontenance, car un peu mystique.
La poésie de Broussaille est toujours présente.
On retrouve un peu d'ésotérisme des Sculpteurs de Lumière.
Un message écologique sous-jacent qui était déjà présent auparavant.
La contemplation que l'on connaissait chez Broussaille est poussée à son paroxysme.
Mais pas de véritable quête du personnage, plutôt une succession de tableaux, de scènes, de messages. Certains sont limpides, d'autres plus énigmatiques. L'album est donc moins accessible, chacun y trouvera son interprétation. L'auteur y décline sa philosophie, de la vie, de la nature. Il nous invite à l'introspection, qui est finalement l'exercice auquel Broussaille se prête lui-même.
Arkadi
Le 14/08/2022 à 12:46:35
Voici Une OBDNI (Objet Bande dessinée non identifiable) dès plus singulier. Lorsque le temps est perdu alors il faut le remplir et, parfois à perdre ce temps-là, on déambule et on a tout à y gagner.
Frank scénarise lui même son œuvre et fait, évidemment, la part belle à ses dessins superbes. Ici, beaucoup de campagne à horizons magnifiques, d'arbres à caractères millénaires, d'images oniriques aux couleurs chaudes. Frank magnifie cette campagne qui se trouve de l'autre côté de la fenêtre. Nu besoin de voyager pour en prendre plein les yeux. Il suffit de regarder au dehors.
Et dans ce temps-là à perdre, Frank nous porte de rencontres fantasmagoriques, avec des propos écolos qui sont trop too much à mon gout (trop sectaire autant que trop naïve), en rencontres végétales, avec des badineries philosophiques qui, elles, touchent juste....Jusqu'à la rencontre du faune.
C'est long et c'est contemplatif. Il n'y a pas de narration particulière dans cette nuit si atypique ou Broussailles écrit pendant que que Catherine dort. Mais ça fonctionne parfaitement. Le contemplatif et la réflexion poétique suffit à nous faire déambuler au fil d'une histoire chapitrée uniquement en idées.
Frank propose des réflexions faciles et même parfois irritant de naïveté, et parfois la pertinence est tellement subtile que le plaisir de comprendre vient après la lecture de la case.
Une œuvre poétique qui déambule dans ce temps que l'on perd à y gagner quelque chose ? Une vrai OBDNI je vous dis.
minot
Le 27/04/2018 à 22:33:58
A l'heure de la mondialisation galopante et du capitalisme écrasant, BROUSSAILLE a une soudaine envie d'écriture pour révéler ce qu'il a sur le coeur et retranscrire les moments fragiles qu'il peut ressentir. Un récit qui bien évidemment sera teinté de nature, de réflexions écologiques et d'humanité.
Un album un peu étrange, doté de bonnes idées et réflexions existentielles, mais assez décousu et pas si évident que ça à lire. Néanmoins les dessins restent de toute beauté et sauvent la mise. Le moins bon de la série pour moi, mais quand même intéressant.
biggyjay
Le 11/12/2016 à 11:26:58
J'adore Frank Pé, son dessin et son œuvre. Concernant cet album, j'ai un peu plus de réserve. Le dessin est toujours superbe mais les histoires successives déversent un flot mêlé de poésie et de discours écologiste exacerbé beaucoup trop présent selon moi.
Le meilleur album de Broussaille est, toujours selon moi, La Nuit du Chat qui distille une poésie très agréable tout au long de l'histoire. Ça rend l'album presque magique. C'est précisément cette magie et cet équilibre qui manque à Un Faune sur l'Épaule et c'est dommage.
Hugui
Le 19/02/2008 à 18:15:19
Broussaille se laisse aller à la rêverie et raconte ses contacts avec les arbres et la nature par l'intermédiaire d'un faune.
Un discours écolo un peu trop new-age à mon gout mais les images sont belles. Pas si mal.
zazou99
Le 04/04/2006 à 14:04:16
Ce dernier tome de la série est tout simplement magnifique.
Je l'ai abordé avec un peu d'appréhension, ayant entendu des critiques plutôt négatives, et ayant moyennement aimé le tome 4 par rapport aux excellents tomes 1, 2 et 3.
Et bien "Un faune sur l'épaule" est vraiment réussi.
On retrouve la poésie propre à cette série, et l'auteur a réussi la prouesse de nous arrêter un instant sur ... des instants magiques, pour ré-apprécier ce qui nous entoure.
Vous l'aurez compris, ça a un air de "La première gorgée de bière" and co, mais en mieux. Avec de très beaux dessins, avec un scénario qui tient bien le coup, avec le petit nuage qui accompagne partout Broussaille.
Bref: lisez-le!
jolan
Le 13/05/2003 à 22:44:15
Les premières planches me mettent d'emblée dans une atmosphère familière qui me charme et me renvoie à des rêves quant au devenir de cette série que je croyais oubliée de tous. Brou se retrouve seul, le soir, et commence à écrire. Je m'attends à une histoire avec Catherine, à Bruxelles, et je m'imagine déjà une suite à mon idée, mais il n'en est rien. Après cette introduction, Brou nous plonge dans ses souvenirs, au gré de papiers auxquels il nous a habitué. [...]
Il y a suffisamment de niveaux de lecture différents pour déceler un intérêt à chaque partie, et les idées émanent de manière très personnelle, mais très cohérente au fur et à mesure. Le propos est légèremment symbolique et métaphorique, mais il fait retentir en nous des échos bien distincts et intimes pour ceux qui partagent la même sensibilité que son auteur. Par moments le récit est volontairement onirique et fantaisiste, et à d'autres il se dégage principalement une vision de la vie et un mode de pensée qui nous touchent par leur clairvoyance et leur humanité.
Certes, j'étais un peu décontenacé par l'aspect trop éclaté, par l'omniprésence d'un thème que j'aurai bien aimé voir développé au sein d'une histoire plus concrète et actuelle. Mais là n'est pas le but de FRANK, qui délivre son avis et ses questionnements sans concessions, sincère et entier. Chaque papier participe à l'unicité de l'album, suivant fidèlement le cheminement de Brou face au faune qui est en lui et autour de lui. La nature lui parle, et il est en son coeur, car il sait l'écouter et la contempler. L'évocation de ses souvenirs, puis de cette rencontre fabuleuse et ce qu'elle fait naître chez lui est aussi une histoire, une parenthèse dans sa vie, qu'il veut coucher par écrit, comme le fait FRANK avec cette oeuvre.
Un tournant se dessine dans cette série, un nouvel élan, et tout ici nous donne à ressentir ce changement qui s'opère "Tu vas devoir mourir pour pouvoir renaître!" lui dit le vieux chamane. Et nous renaissons avec lui. La vie s'ouvre en grand, comme elle l'a toujours fait, et chaque petit instant est une merveille. A nous de savoir le voir...
C'est le rôle du faune. Nous avons tous un être qui nous épaule et qui nous guide.
Vanyel
Le 13/05/2003 à 22:22:33
Pour moi, Broussaille (en général) est une bouffée d'air pur dans un monde étouffant.
Cet album ne fait pas exception.
Tout d’abord, le dessin est extrêmement bien fait. A lui seul, il fait oublier les tracas quotidiens. Mais ce n’est pas le dessin qui est le plus important dans ce cas.
Ce qui est important, c’est l’histoire. Cette fois, ce n’est pas tant une histoire poétique (comme dans "Les baleines publiques") qu’un conte, une initiation.
Fervent admirateur de Coelho, je retrouve sa marque dans "Un faune sur l’épaule". Une lecture de cet album et mes peines et mes frustrations sont oubliées pour un temps.
La principale qualité du scénario, à mon sens, c’est d’avoir su simplifier la réalité quotidienne et la réaction que l’on peut avoir par rapport à cette réalité.
Il est vrai que la simplification tient parfois de la caricature. Mais c’est ce qui fait la force de l’histoire. Ne garder que l’essentiel pour ne pas distraire le lecteur du message que l’on veut lui faire passer. Faire réfléchir, mais ne pas donner de solution toute faite. En un mot, éduquer.
Le message ici est plus : "Suivez votre rêve ! Ne vous laissez pas abattre" que "Voici mon rêve, voici comment je l’ai suivi et comment vous devriez le suivre".
Ce que j’aime le plus, c’est que le même message peut être compris en lisant le texte sans regarder les dessins, en regardant les dessins sans lire le texte, ou en associant les deux.
Je le répète : Un pur bonheur ! Merci Frank !
Signé Fufu
Le 13/05/2003 à 21:34:20
Je dois avouer que la lecture de ce tome 5 de Broussaille m'a beaucoup déçu... pour ne pas dire agacé.
En lisant les commentaires sur le forum (il suffit d'y faire un tour ;o) je crois comprendre un des éléments qui me gênaient : il y a une sorte d'incompatibilité entre le fond et la forme. Car la "perfection" graphique de Frank détourne l'esprit du lecteur du chemin sur lequel l'auteur veut nous emmener : celui de la réflexion. Alors qu'on doit être concentré sur le message, la beauté du dessin nous distrait.
Un commentaire parle d'une "envie" concernant un dessin plus dépouillé et moins précis, ce qui est une très bonne idée.
Sur le fond aussi, j'ai été gêné. C'est même là que j'ai été agacé, car j'ai eu l'impression de lire un texte assez banale, d'une naïveté qui me gêne dans l'époque troublée dans laquelle nous vivons.
Car s'il s'agit d'une condamnation de la société mondiale contemporaine, je la trouve bien légère. Les problèmes de pollution, d'hypocrisie, de violence ou de misère tier-mondiste méritent plus qu'une vague colère bien désuète d'un Brousaille qui mord dans son journal. On n'en sort pas choqué par une image qui ne retranscrit absolument pas la situation calamiteuse de la société en générale et de la terre en particulier.
L'exemple de la publicité tel que pris dans l'album est bien trop caricatural pour porter. Du coup, "on" (en tout cas, ça a été mon cas) passe à côté de la fureur du personnage et par là-même de la paix qui va l'envahir ensuite.
C'est là où le bas blesse selon moi dans cet album : le message manque cruellement de crédibilité, et la part prise par le dessin sur le discours n'aide certainement pas à faire adhérer le lecteur aux idées sous-jacentes.
Bref, une déception... et Dieu sait que j'adore Brousaille et que j'admire Frank.