Info édition : Erreur dans le DL et l'AI, notés à 2018 au lieu de 2019.
Résumé: Après la mort accidentelle en 1869 du concepteur du pont de Brooklyn, John Augustus Roebling, c'est à son fils âgé de 32 ans seulement, Washington, que revint la lourde responsabilité de terminer cet immense projet.
Malheureusement ce ne fut que le début d'un long et douloureux chemin et il fallut une incroyable obstination pour mener ce projet à son terme.
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u'est-ce qui peut bien motiver des hommes à bâtir des ouvrages qui les dépassent ? Peter J. Tomasi s'intéresse au pont qui enjambe le détroit de l'East River et relie Brooklyn à Manhattan. Durant quatorze années et plus de quinze millions de dollars de l'époque (300 aujourd'hui), la famille Roebling a œuvré pour laisser aux new-yorkais un monument qui est devenu un des symboles de la Grosse Pomme.
Rompu aux récits de super-héros, notamment pour DC avec des passages sur les licences les plus connues (Superman - Requiem, Batman & Robin, Green Lantern Saga, Super Sons) Peter J. Tomasi surprend son monde en proposant un tel titre. L'ancien éditeur livre pourtant un récit captivant, totalement maîtrisé, tant dans sa narration que dans sa construction. Au travers du destin d'une famille, le père John d'abord, mais surtout le fils Washington et sa femme Emily, il conte de manière chronologique la genèse et la réalisation de ce projet fou. Pour l'épauler dans sa tâche, Sara Duvall officie. L'artiste dont c'est la première publication en France se remarque d'emblée par son style. Ultra lisse, voire figé, son trait sied à merveille à l'ambiance feutrée qui règne au sein de la demeure Roebling. Pas de fioritures ni d'effets superflus, comme dans les arrière-plans un peu chiches, que les aplats du duo de coloristes, John Kalisz et Gabe Eltaeb, rendent moins pauvres. La mise en page rectiligne appuie la description d'une éducation stricte et ferme d'un père ambitieux et attentif qui marquera l'enfance de Washington.
Passée cette première partie, qui rend le jeune ingénieur attachant, ce sont sa motivation et son inventivité qui sont montrées. Le scénariste restitue parfaitement la force de l'idée qui anime les deux protagonistes masculins. À mesure que le récit épouse les contours de l'histoire des États-Unis ou que les obstacles se dressent, il devient difficile de lâcher sa lecture tant celle-ci devient prenante. C'est peut-être la plus grande réussite de cet album, jamais ennuyeux, le rythme, le suspens et les rebondissements sont parfaitement dosés et les épisodes racontés choisis avec soin. Les personnages, principaux ou secondaires, célèbres ou anonymes ressortent par leur détermination ou leur courage. Comme Emily, la bru volontaire, intelligente et dévouée, sans qui le projet n'aurait certainement pas été mené à son terme.
Un parfum d'aventure, d'histoire et d'humanité, mais aussi moderne et intéressant, The Bridge prouve qu'il est possible pour une jeune maison d'édition de proposer des titres comics de qualité qui sortent des sentiers battus.