Info édition : Traduction de Bowery Boys: Our Fathers (2015).
En fin d'album, 7 pages de croquis et illustrations.
Résumé: La rue est une jungle.
1855, les migrants affluent sur New York. Bienvenue à Five Points, carrefour de communautés déchiré par les guerres de gangs. Le jour où son père est arrêté pour meurtre, le jeune irlandais Nikolaus McGovern rejoint un groupe hétéroclite de gamins victimes de la violence des rues. Ensemble, ils vont devoir faire face à la corruption politique, aux affrontements entre bandes rivales, aux premières réformes ouvrières et à la xénophobie ardente. Triompheront-ils des oppresseurs ou succomberont-ils à la marche du progrès ?
Rappelant l'explosif Gangs of New York de Scorcese, Cory Levine et Ian Bertram nous plongent dans une aventure turbulente au coeur du New York des grandes migrations, de la violence des faubourgs et de la révolution industrielle. Furieux, politique et sanglant... tout simplement essentiel.
E
n 1853, dans le gigantesque bidonville cosmopolite de Five-Points à Manhattan, l'insécurité et l'insalubrité règnent. Tout est prétexte à la violence et au profit. Dans les rues, le trafic et la corruption vont bon train sous la loi du plus fort... ou du plus fortuné. Mc Govern, chef syndicaliste d'un groupe de charpentiers irlandais lance un appel à la grève, plus que lassé des conditions de travail déplorables. Cela n'est pas du goût du riche entrepreneur Roderick Pastor qui engage alors Welsh, un mercenaire particulièrement retors, dans le but de faire fléchir l'homme militant. Après une première tentative infructueuse, Welsh ne reculera devant rien pour parvenir à honorer son contrat. Nikolaus, le fils de Mc Govern, va alors s'allier à Isaac et d'autres gamins téméraires afin de sauver son père de la potence.
Découpé en cinq parties, cet épais one-shot prend pour toile de fond les guerres de gangs à New-York. Cory Levine développe une intrigue dense et campe relativement bien les crapules. A contrario, le jeune héros et sa bande ont des personnalités peu développées et paraissent bien fades. Du fait de ce déséquilibre, le lecteur peine à s'émouvoir du sort des ouvriers et à tendance à plus s'intéresser aux malfrats. Était-ce l'intention du scénariste ? Quoiqu'il en soit, la morale en prend un coup. Le contexte historique riche, trop riche peut-être, est survolé, ne paraissant qu'un artifice à une simple histoire de vengeance. Dommage, cela aurait été plus intéressant que l'accumulation des coups bas et des fuites prévisibles, sans parler du final abrupt qui laisse le lecteur désarçonné et dubitatif.
Deux dessinateurs se partagent les planches, mais la répartition, avec l'alternance d'une page à l'un, une page à l'autre à partir du quatrième chapitre, nuit à la cohérence et à l'homogénéité. Leurs styles franchement différents rendent laborieuse la reconnaissance des protagonistes. L'illustrateur principal, Ian Bertram possède un style très particulier certes, mais avec du caractère. Son trait typé, nerveux, est original et procure de la texture aux éléments. Les décors sont bien rendus (ruelles sombres, théâtre, belles demeures). Brent Mc Kee quant à lui, a des difficultés dans les proportions et les détails manquent cruellement, à tel point que certaines cases (peu nombreuses heureusement) paraissent bâclées.
De prime abord, ce récit s'annonçait plein de promesses. En définitive, l'engouement diminue au fur et mesure de la lecture pour se finir en déception.