Résumé: L'auteur et sa compagne, ne pouvant avoir d'enfant, se rendent dans un orphelinat, en Inde, et adoptent une petite fille de 4 ans prénommée Sarvari.
Problème : Sarvari doit quitter les gens qui l'ont élevée jusque-là et changer de langue, de culture et de parents.
D
aniela a des kystes sur les ovaires et Andrea, des spermatozoïdes paresseux. Quand l’heure de la trentaine sonne, ces conditions commencent à devenir angoissantes. Doute, tristesse et longues discussions s’ensuivent et si adopter était le seul choix qu'il leur restait pour fonder une famille ? D’abord, il y a quelques détails à régler : il faut être marié depuis trois ans (ils vivent en union libre) et le montage du dossier prend autant de temps. Patients et déterminés, ce beau projet de vie les mènera jusqu’en Inde, pour le meilleur heureusement.
Jolie chronique autobiographique, Le bourdonnement d’un moustique permet à Andrea Ferraris de signer un album-témoignage touchant et d’une grande tendresse. Franc du collier, l’auteur décrit sans fard les différentes étapes de cette véritable aventure et n’hésite pas à se mettre entièrement à nu. Sans surprise, ses questionnements ressemblent d’abord à ceux de n’importe quel autre futur père. Comment devient-on un papa ? Sera-t-il à la hauteur ? Puis, il y a toute la problématique de l’adoption outre-mer qui entre en scène. En résumant grossièrement, il s’agit quand même « d’arracher » une enfant du seul milieu de vie qu’elle connaît et de la transporter dans un nouvel environnement totalement étranger. Ce n’est pas anodin, autant pour celle-ci que pour les nouveaux parents.
La seconde partie de l’ouvrage se concentre plus précisément sur le voyage en Inde, quand l’heure d’aller recueillir la fillette sélectionnée par les multiples agences officielles engagées dans cet interminable processus est enfin arrivée. Les dernières interminables heures d’attente à faire semblant d’être des touristes et puis, la première rencontre. Si c’est le coup de foudre pour l’heureux couple, la petite Sarvari aura plus de difficulté à s’ajuster à ce changement. Après beaucoup de larmes et ces éternels maudits doutes («Est-ce vraiment une bonne chose ?», «Avons-nous pris la bonne décision ?»), c’est le retour à Gênes afin d’entamer cette nouvelle existence si attendue et si espérée, à trois désormais.
Métaphores graphiques ambitieuses et référencées (le chat-bus d’Hayao Miyazaki est immanquable), différentes réflexions plus ou moins pertinentes sur l’aéronautique et la situation socio-économique de Bombay, Ferraris n’a pas oublié d’emballer et d’enrichir son propos. Toutes ces informations ne sont pas d’un intérêt crucial, surtout vis-à-vis de l’expérience qu’il est en train de vivre, mais elles donnent néanmoins une certaine ampleur ou consistance à la narration. Le résultat est un récit rempli d’amour et de sincérité, quoiqu’un peu trop personnel ou auto-centré par moments.
Une belle histoire vraie, agréablement racontée et mise en images, Le bourdonnement d’un moustique est une lecture immensément humaine ne cachant rien des défis posés par l’adoption à l'international.
Les avis
Erik67
Le 15/12/2021 à 08:37:31
Plusieurs choses m'ont un peu décontenancé lors de ma lecture de ce bourdonnement d'un moustique. Au départ, on fait la connaissance d'Andréas Ferraris, l'auteur italien qui met en scène son premier récit autobiographique avec son épouse.
Or, il apparaît comme totalement immature dès les premières pages. Ce dernier veut cependant s'engager avec sa fiancée pour adopter un enfant puisqu'il y a des problèmes pour en concevoir un. Il est vrai qu'il y a sans doute mieux comme entrée en la matière.
Par la suite, il nous fera tout un cake parce qu'il a peur de l'avion et qu'il ne peut pas aller chercher sa fille adoptive en Inde dans ses conditions. Le pauvre, on le plaint vraiment !
Enfin, au moment de passer sa première nuit avec le nouvel enfant dans l'hôtel, il se rend compte qu'il a perdu sa banane où il avait tout ses papiers et son argent ainsi que les cartes bancaires. Je ne sais pas comment on fait pour perdre une banane attaché au niveau de la ceinture et le tout sans s'en rendre compte. Je dois dire que j'ai été plutôt scotché.
Et puis, et c'est le plus important car le sujet de cette œuvre, la petite fille âgé de 4 ans n'arrête pas de pleurer depuis qu'elle a trouvé des parents adoptifs car elle tenait à ses racines et à ses amis de l’orphelinat. Avez-vous déjà voyagé en première classe dans un avion où durant dix heures un enfant n'arrête pas de pleurer tout le long du voyage et qu'il n'y a rien à faire pour soulager cette douleur ? Pour ma part, cela ne m'a pas vraiment donné envie d'adopter un enfant. Je ne sais pas quel était l'effet recherché. Je suis sans doute un peu dur mais cela traduit mon sentiment de départ.
Maintenant, je sais que c'est une épreuve pour l'enfant de devoir tout quitter pour une nouvelle vie. On verra une scène hallucinante où un hindou inconnu au bataillon s'approche de l'enfant pour lui parler dans sa langue maternelle alors qu'elle est avec ses nouveaux parents dans la rue pour lui dire « n'oublies jamais d'où tu viens !». Devrait-on les laisser dans le pays et ne pas les ramener en Europe ? La question légitime mérite d'être posé.
Le bourdonnement d'un moustique est le brouillage de communication entre des personnes de cultures différentes. C'est une étape assez difficile à surmonter mais au final, quand il est dépassé, la véritable joie d'une famille peut alors se percevoir et se dire que cela valait quand même le coup.
Au final, j'ai plutôt bien aimé car c'est un sujet peu abordé et sans doute très difficile à aborder. J'ai apprécié l'honnêteté de la démarche également. Il y a eu beaucoup de tristesse mais pour un résultat qui en valait la peine.