Résumé: « Qu’il arpente les jungles de Bornéo, la place Tian’anmen ou les sous-bois du Périgord, Troubs sait être à la fois au plus près de son sujet et – paradoxe du dessinateur ? – s’effacer, pour mieux entendre et voir ce qu’il va raconter. »
De la préface d’Étienne Davodeau
De septembre 1999 à mai 2000, Troubs a suivi de ferme en ferme – de la Dordogne à la Charente – un des derniers bouilleurs de cru du pays. Quand on se lève à potron-minet, le travail se fait vite harassant, mais les effluves d’alcool aident les langues à se délier : la « bouille » est le moment privilégié pour les paysans du coin de voir du monde, discuter autour de l’alambic, remémorer les souvenirs… en buvant un petit gorgeon.
Motivé par le désir d’en savoir plus sur ce monde nocturne et discret, sur cet ancien métier promis à la disparition, mais aussi soucieux de connaître plus en profondeur la réalité qui l’entoure (l’auteur habite la Dordogne), Troubs est devenu à la fois commis et chroniqueur. Il s’est affairé près de la « machine », son carnet toujours à portée de main, a observé les gens et écouté leurs conversations pour tirer de ces huit mois de travail une bande dessinée marquée d’humanisme et d’humour, riche d’anecdotes et de détails sur le métier de bouilleur, ses usages, ses outils. Dix ans plus tard, Troubs a retrouvé le monde de la « bouille » et ajouté un nouveau chapitre à son livre : qu’en est-il aujourd’hui des bouilleurs de cru, que sont devenus ces hommes, que reste-t-il de cet univers riche en traditions et en humanité…
Accompagner un bouilleur de cru au pays du cognac et de la prune: un rêve que Troub's a mis en pratique durant une saison; ce n'est pas vraiment une bd mais plutôt un carnet de voyage illustré; découverte des lieux mais surtout des hommes et ... des femmes, souvent de "sacrées fumelles". le périple de huit mois entre Charente, Dordogne et Gironde nous fait découvrir un monde presque oublié où les habitants prennent le temps tout en le voyant passer. Les remarques de ces personnages, dont la plupart ont dépassé 70 ans, sont pleines de justesse : que vaut la modernité si on ne prend pas le temps de vivre.
Le dessin en noir et blanc permet de mieux saisir le rythme de ces maîtres de l'alambic et fait ressortir l'ambiance à la fois hivernale et chaleureuse de ces rencontres.
J'ai eu la chance d'assister à une distillation(dans le Gers) et retrouve dans cet ouvrage de nombreuses situations que j'avais alors expérimentées.
Même les buveurs d'eau peuvent s'y plonger