Le 02/08/2025 à 14:16:24
Qu'est ce qu'elle est exubérante cette série "Borgia", dans la démesure et elle ne lésine pas sur la luxure, la torture, le politiquement incorrect, car tous les coups sont permis, même venant de la plus haute instance religieuse : la papauté. Sans présenter une once de culpabilité, la famille Borgia est prête à tout. Cela pose quelques problèmes au niveau des personnages qui ne possèdent aucune limite, aucune éthique, aucune nuance dans leur état d'esprit et vont vers tous les excès imaginables de corruption, ils ont perdu en eux ce qui leur restait d'humain (respect, tolérance, gratitude, confiance) cela en devient même redondant et semble facile car il n'y a pas d'adversaire de taille contre la famille Borgia. Tout ça pour dire que toute cette haine envers le monde et l'humanité ne rend pas les personnages attachants, c'est ici le contexte historique qui desservira l’intérêt du récit, et non pas la psychologie bancale des personnages qui restent des animaux dans leurs comportements. On pourrait faire une comparaison avec "Game Of Thrones" dans la quête du pouvoir, cependant "Borgia" est d'autant plus décadent que le dessin permet d'en montrer bien plus qu'un film ou une série, car les personnages de papiers peuvent ne pas avoir de dignité, ils sont fictifs et à la merci de leurs auteurs. Derrière un personnage de film, il y a un acteur...Bref, tout ça pour dire qu'il est difficile à adapter au cinéma sur un format aussi violent, la bande dessinée semble le média le plus approprié. Sinon, c'est totalement dans les cordes de Jodorowsky et Manara qui ont su trouver une série qui leur correspond. Jodorowsky pour l'exubérance, le récit farfelu. Manara pour les très belles illustrations, représentation du mouvement et sensualité des corps. Car oui, au niveau du dessin, c'est du très haut niveau, avec toute la palette de ce que sait faire Manara et il s'en donne à cœur joie, une magnifique mise en couleur, des grandes scènes d'orgies monumentales, des coups d'épées et de couteaux bien placées, des bras et des jambes qui tombent, avec toute l'expressivité de violence ou de jouissance nécessaire sur les visages. En revanche, je trouve que le récit se noie dans son propos et dans les excès sans limite des Borgia, c'est très trash mais le récit n'avance pas tant que ça, le lecteur reste voyeur de toute cette folie, fantasme sur des pratiques étranges (qui ont historiquement été infirmé, notamment les histoires d'incestes entre Lucrèce et son père ou Lucrèce et son frère César). Mais il n'y a pas de ligne narrative stable sur le T2, T3 et T4. Et encore moins dans le T4 qui conclut très rapidement ce grand délire. Bref, cette série est un défouloir à ciel ouvert, on y voit les pires atrocités, c'est le musée des curiosités, amené par de superbes illustrations. Malheureusement, le récit est lui aussi saccagé par les Borgia qui font clairement n'importe quoi et reflète une vision fantasmé de la famille et la papauté, même si je ne doute pas qu'historiquement, il y a eu pu y avoir de la corruption, de la violence et de la luxure.Le 09/03/2018 à 19:41:22
La série est sublime et comme c'est si bien dit dans une autre BD récente, on ne juge pas la valeur d'une adaptation à sa fidelité au support original, on la juge à la qualité de sa trahison et ça tombe à point nommé pour Borgia. Je dirai que cette série est un must absolu de deux géants de la BD. Avec cet album la boucle est bouclée. Bravo aux auteurs.Le 09/12/2010 à 22:28:03
Ce dernier opus est dominé par la violence de la première à la dernière page. En effet, après 3 volumes décriant une Rome décadente, une Eglise débauchée où sexe et vengeance faisaient bon ménage, sous Borgia père, Jodorowsky appréhende une suite beaucoup plus sanglante et surtout plus libre avec l'Histoire.Car si Alexandre Dumas concédait le fait que violer l'histoire était légitime à condition de lui faire de beaux enfants, Jodorowsky s'éloigne de cette célèbre maxime.BDGest 2014 - Tous droits réservés