Le 20/08/2024 à 07:09:13
Être jeune, ce n'est pas le meilleur. Le meilleur, c'est repenser des années plus tard à quand nous étions jeunes. Je trouve que cette citation qui est cité dans la préface résume assez bien cette BD sur ce couple d'une soixantaine d'année qui vieillit bien ensemble accompagné d'ami du même âge sur l'île de Majorque. Bref, on va un peu déprimé au début sur les ravages de l'âge notamment chez les femmes. Il faut dire que le principal protagoniste fait sa crise de la soixantaine. Par la suite, on va un peu plus en rigoler et cela sera plus léger avec une acceptation de cette condition humaine auquel nul n'échappe à moins de mourir jeune d'un accident. J'ai bien aimé un passage où l'un des convives indique qui indique que plus on vieillit, plus on se radicalise. J'ai surtout appris ce qu'étais le principe d'overton qui consiste à rendre acceptable certaines idées dans l’opinion publique qui est ainsi manipulée. On peut taxer la gauche ou la droite de radicale pour faire passer leur discours et offrir une autre alternative pourtant tout aussi valable. Bref, soit on est un gauchiste radical, soit on est un fasciste. Pratique... Bref, cette BD ne manque pas de mordant par certaines de ses réflexions au détour d'une case. J'ai bien aimé dans l'ensemble d'autant que le dessin fait dans la simplicité et la lisibilité qui rend la lecture assez agréable.Le 01/08/2024 à 22:58:01
À la veille de ses soixante ans, Ernesto ressent le besoin de faire le point sur le sens de sa vie, sur le temps qui a passé et l’emmène à une nouvelle étape de son existence où il s’agit de maximiser le sentiment de plénitude et d’accomplissement pour les années qui restent. Pour cela il faut devenir philosophe et pouvoir lâcher prise face à ce qu’on ne pourra définitivement plus changer. Désormais quelles vont être les priorités ? Pour ce nécessaire ressourcement, Ernesto délaisse momentanément la femme avec laquelle il partage son quotidien depuis trois décennies et met le cap sur l’Irlande. Il y retrouverait, croit-il, de beaux souvenirs de voyages datant de sa jeunesse. Mais sur place, tout semble effacé sous une pluie battante on ne peut plus symbolique. Il se remémore alors les derniers échanges sur l’âge partagés avec son groupe d’amis soudé depuis leur jeunesse. Il médite sur la douceur de son vieux couple confronté à l’usure du temps, et rentrera rassuré à Barcelone, sa ville, à la fin de l’album. « Boomers » est un récit autobiographique de l’auteur et dessinateur espagnol Bartolomé Segui qui n’en est pas à son coup d’essai dans le genre « chroniques du quotidien », et dont malheureusement peu d’ouvrages ont été traduits et publiés en français. Il aurait été souhaitable d’avoir au-moins accès à son récit « Lola y Ernesto » racontant la rencontre et le début du couple que nous retrouvons quelques décennies plus tard dans ce « Boomers ». Les amis de longue date partagent donc leurs réflexions allant des plus vastes, comme l’état du monde ou l’influence des nouvelles technologies auxquelles ils ont dû s’adapter, aux plus intimes comme la baisse de la libido, en passant par des projections rassurantes comme l’idée de se réunir en habitat groupé. La maladie, la mort, ce qu’il reste des parents défunts, les enfants devenus adultes… tout y passe. Du côté dessin c’est impeccable, le trait est élégant, les décors et les ambiances séduisent, les pages sont aérées et très lisibles. Au niveau du scénario je reste sur ma faim. On assiste à une succession de scènes qui ne sont pas forcément reliées, très statiques autour des conversations entre amis ou dans le rapport tendre et pinçant du couple. Il manque une histoire, un fil par lequel on suivrait et sentirait plus profondément la métamorphose du personnage. Du coup tous ces sujets universels liés à l’âge mûr ont l’air de n’être abordés que superficiellement. Dommage car la scène d’ouverture où le personnage cherche à prendre de la distance, au propre comme au figuré, en se rendant en solitaire en Irlande était très prometteuse. L’album intéressera néanmoins tous les amateurs de chroniques douces-amères, même s’ils sont plus jeunes que les protagonistes.BDGest 2014 - Tous droits réservés