L
e doute et un certain dégoût du côté médiatique des mœurs planent sur Bonheur occidental. Bédéaste reconnu avec des titres comme Monsieur Jean ou Boboland, Charles Berbérian s'est également fait un nom dans le monde de l'illustration et de la publicité. Au fil des ans, ses occupations l'ont conduit à fréquenter – par obligations et par choix – tout une faune de « décideurs » et autres spécialistes de la communication aux ego démesurés. Ces expériences nourrissent les propos de cet ouvrage à l'humour noir et parfois désespéré.
Très disparates, ces histoires courtes ont été publiées dans diverses revues (Fluide Glacial, Télérama, The New-Yorker, Lapin et même Spirou) ces dernières années. L'auteur décrit, avec une certaine amertume, les changements de management dans le monde de l'édition. Exit les gestionnaires « à l'ancienne » comme Jacques Diament et bonjour les diplômés d'HEC aux idées courtes. Les politiciens payent aussi le prix de la colère à peine voilée du scénariste. Dans Le cerceau européen (un concept fumeux de communiquant sensé porter François Hollande aux sommets), celui-ci énumère avec férocité les vaines tentatives pour faire mousser le Président.
Si l'ensemble est intelligiblement observé et finement réalisé, le recueil manque néanmoins de structure ou de direction. Les anecdotes se succèdent, mais sans réellement former un tout. Berbérian a bien essayé de lier l'ensemble, un peu artificiellement malheureusement, avec quelques planches de transition, mais sans grand succès. De plus, certains récits en relation avec l'actualité du moment, les deux planches à propos des démêlés judiciaires de Silvio Berlusconi par exemple, ont perdu beaucoup de leur impact quelques années après les faits.
En dépit de quelques éclairs cinglants implacables et hilarants, Bonheur occidental peine à convaincre. Le passage de la publication en magazine au livre se révèle particulièrement dommageable au rythme général.