Info édition : Noté "Première édition". Format 170 x 240 mm.
Résumé: Aujourd'hui artiste-chanteuse en France, GiedRé est née dans un état qui n'existe plus : l'URSS. Elle raconte ses souvenirs d'enfance, la vie de sa grand-mère, de ses parents et de son oncle (déporté à 17 ans en camp en Sibérie car il avait chanté une rengaine rebelle dans la rue). Une vie qui ressemblait à une longue file d'attente, pour du beurre, des chaussures ou une boîte de petits pois.
I
l était une fois un super pays où la gratuité avait cours, où chacun dormait sous un toit, avait de quoi manger et possédait autant que son voisin. Ses athlètes étaient enviés par les autres nations et les habitants participaient dans la bonne humeur à de nombreux défilés. Bref, un endroit merveilleux ! Ou presque. Être proche du pouvoir aidait quand même beaucoup à accéder à de meilleurs produits et à de belles maisons. Contester le parti unique, fredonner une chanson rebelle ou détourner des denrées pour les revendre pouvaient mener dans des camps en Sibérie. Sans parler de la méfiance ambiante et des files d’attente interminables… Allez, bienvenue en URSS où la boîte de petits pois constituait un mets de luxe !
La collection Une case en moins donne la parole à des artistes qui n’appartiennent pas au monde du 9ème Art. Dans ce one-shot, la chanteuse GiedRé s’épanche sur ses souvenirs d’enfance, à une époque où sa Lituanie natale n’était qu’une des républiques populaires composant le vaste bloc soviétique.
Le regard qu’elle porte sur cette période se révèle à la fois incisif et imprégné d’une pétillante malice. En effet, en racontant son histoire et celle de ses proches, l’auteur brosse un tableau contrasté de l’existence journalière sous la bannière de la faucille et du marteau. Elle ne masque rien des nombreuses difficultés ni des aspects les plus sordides et contestables du régime, que sa famille a vécus au plus près à travers la déportation d’un de ses oncles. Elle n’oublie pas non plus une réalité à deux vitesses, avec d’un côté les apparatchiks et, de l’autre, les gens du commun. Elle évoque également le bouleversement à tous les niveaux qui a découlé de l’effondrement de l’URSS, ainsi que les conséquences immédiates pour les siens. Ponctuellement, GiedRé oppose à ce monde communiste des années 80 celui, très différent, qu’elle a découvert en 1991 quand elle est arrivée en France, âgée de 7 ans. Ses parallèles interpellent, et interrogent de manière salutaire, sans pour autant prétendre détenir la vérité. C’est cela justement, allié à un ton un brin décalé, qui confère toute sa saveur à ce témoignage.
Cet esprit est restitué avec brio par le dessin de Holly R. dont le trait semi-réaliste possède une délicieuse touche enfantine en adéquation avec la narration. Les personnages s’animent au fil de pages dont le découpage se compose généralement de quatre à sept cases au tracé un rien tremblotant qui semble presque effectué à main levée. La colorisation est à l’avenant, constituée de teintes plutôt gaies fonctionnant bien avec l’ensemble.
Album dépaysant, intelligent et goûteux à plusieurs égards, La boîte de petits pois mérite de s'y attarder.
Les avis
Au Fil des Plumes
Le 23/11/2019 à 14:37:55
Dans cette BD, la chanteuse GiedRé nous livre son enfance. Originaire des pays de l'est., elle nous raconte le communisme et comment elle a vécu son enfance. Avec naïveté et fraîcheur, la jeune femme décrit la vie de famille, l'école, la politique, la censure et derrière tout cela la terreur du régime bolchévique. Bien que raconté sur un ton léger, le lecteur sent très vite la critique et l'ambiance lourde. Le scénario se focalise beaucoup sur l'ambiance et la pression que le gouvernement peut mettre aux habitants. L'histoire de GiedRé ne fait finalement que servir cette dénonciation déguisée.
J'ai été très émue par cette histoire notamment parce que je sais qu'elle est vraie et que encore aujourd'hui de nombreuses personnes doivent la subir. En revanche, le ton un peu léger a fini par m'agacer. J'ai trouvé que cela ne collait pas forcément au sujet.
Esthétiquement, c'est très poétique. Les dessins sont faits aux crayons de couleurs et collent parfaitement avec le ton enfantin de l'ensemble. C'est très coloré et là aussi, cela crée un véritable contraste avec le propos tenu.
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