Le 01/02/2025 à 11:13:30
Personnellement, j'ai moyennement aimé. Il y a quelques parties intéressantes (interviews, 12 travaux de Jean Giraud, la place des femmes...) et ils ont tiré les grosses ficelles de l’œuvre de Gir et Charlier. Mais je n'ai pas appris grand chose de plus que ce que j'avais pu comprendre par moi même, en lisant et relisant la série, ou en me documentant plus tard (intégrales et interviews des auteurs notamment). En outre, j'aurais aimé connaître leurs sources (est-ce que leurs articles sont basés sur leurs lectures de la série, sur des ouvrages - scientifiques ou non -, des avis sur internet...). Certaines parties sont trop fétichistes pour moi (les parallèles avec les films de western m'ont donné l'impression d'être dans un Cahier du Cinéma plutôt que de la BD...). J'aurais préféré qu'ils parlent d'histoire de la BD plutôt que d'histoire dans la BD (Blueberry n'a rien d'une BD d'histoire). Les choix des œuvres originales de Charlier (découpage à l'un des moments les plus plats de la série) et de Giraud m'ont questionné (dédicace sans grand intérêt, ou alors il faudrait me convaincre du contraire...), d'autant plus lorsqu'elles sont pixelisées. D'ailleurs, le cycle de Chihuahua Pearl n'est finalement qu'un prétexte pour parler de Blueberry est n'est pas vraiment traité en profondeur. Enfin, je crois qu'il y a une méprise sur l'esthétique de Giraud : n'est-il bon qu'à dessiner les "métamorphoses du désert" ? Il me semble que c'est plutôt Blain qui fait ça... Pour ma part, j'ai rarement eu le sentiment que Giraud dessinait le "désert", dans sa série phare. Au contraire, il sait habiter ces grands espaces, par son trait d'un fourmillement jamais égalé. Même le vide - qui apparaît peu à peu avec Moebius - sert à donner du corps à ses personnages, à ses décors. De plus ces grands espaces, qui apparaissent pour les Blancs comme une terra nullius, n'appartenant à personne, sont loin d'être dépeuplés, pensons aux Amérindiens notamment. La BD Bluebbery est finalement une anti-thèse du désert, comme elle est et demeure à contre-courant des classiques du genre. D'ailleurs je crois bien que c'est ce qui m'a énervé dans l’œuvre de Sfar et de Blain, qui n'ont compris ni le progressisme de cette œuvre, ni son esthétisme et pour laquelle ils se prostituent artistiquement et intellectuellement. A lire tout de même, pour se faire une idée.BDGest 2014 - Tous droits réservés