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isaki et Kuroe vivent ensemble. Elle est une jeune vampire d’un âge incertain qui semble tout juste sortie de l’enfance. Lui est un bel écrivain, légèrement ténébreux, qui règle de temps en temps quelques affaires policières bien particulières. L’un et l’autre recherchent un ennemi commun : le vampire qui a plongé Misaki dans sa condition et tué son père ; le même suceur de sang qui a assassiné la sœur de Kuroe et lui a donné un pouvoir singulier en le blessant aux yeux…
Des histoires de vampires, ce n’est pas ce qui manque, même en mangas, et on peut s’interroger sur ce qu’une énième série pourrait apporter à ce genre. En apparence, Blood alone n’est un titre parmi d’autres. Pourtant il ne manque pas d’originalité. Le vampirisme y est abordé comme une maladie, une souffrance qu’il faut supporter bon gré mal gré et qui accorde plus une longévité hors du commun qu’une véritable immortalité. De même, les vampires forment une société très organisée, régie par des codes précis. En cela, Misaki apparaît comme une hors-la-loi car le lecteur découvre rapidement qu’elle vit en dehors de cette communauté et de sa « famille de sang ».
Dans ces deux premiers tomes, le récit se déroule sans à coups, sur un rythme assez lent qu’égrènent les enquêtes policières semi-fantastiques ou les aventures quotidiennes des héros. Bien qu’elle puisse en déranger quelques uns, cette cadence tout en douceur permet de goûter la subtilité et la complexité des personnages rencontrés, Misaki et Kuroe en tête. Car les héros possèdent chacun un passé obscur, à peine aperçu jusqu’à maintenant mais promettant d’être particulièrement intéressant. Leur relation même est trouble : Misaki est indubitablement amoureuse de Kuroe mais celui-ci entretient avec elle un lien assez difficile à percer.
Quant au graphisme de Masayuki Takano, il charme par son élégance légèrement « kawai » malgré l’aspect assez classique du dessin. Celui-ci se focalise sur les expressions et les attitudes, les rendant avec précision. Ce qui fait un peu oublier le peu de décors. Enfin, en y faisant attention, le fond noir des pages, sans ajouter grand chose à l’ambiance, rappelle que l’action se passe de nuit. Parallèlement, les planches entourées de blanc annoncent l’aube ou le crépuscule.
Entre seinen et shojo, Blood Alone recèle quelques intéressantes promesses. Affaire à suivre avec le tome 3.