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asashi veut sortir de la drogue mais celle-ci le rattrape sans cesse. Constatant que personne ne peut l’aider, il préfère se jeter sous un camion.
Battu par ses parents toxicomanes, Shita est la cible de ses camarades à cause de sa saleté. Pour s’en sortir, il se tourne vers la seule personne qui lui ait témoigné un peu d’égards : la directrice de son école.
Si Yugô est crâneur, c’est qu’il cherche à tout prix à croire en une vie meilleure pour lui et sa mère aveugle. Et ce malgré les moqueries des autres, le gang et les courses avec la police.
C’est de l’expérience réelle du professeur Osamu Mizutani et du talent artistique de Seiko Tsuchida, remarqué pour son Under the same moon, qu’est né Blessures nocturnes. Débutant par l’histoire de Masashi, accro aux diluants, présentée comme étant à l'origine de la vocation de Mizutani, l’ouvrage narre les destins tragiques d’adolescents en perdition, victimes de la drogue, de la prostitution et de la violence qu’elle vienne de leurs proches ou de leurs fréquentations. Il met en avant la cruauté d’un monde qui ne se retourne plus sur une jeunesse malade, gangrenée, bien que pleine d’espoirs devenus autant de désillusions. Les enfants en cours de désintégration sont les véritables acteurs des trois récits qui composent ce premier tome, le professeur, devenu patrouilleur nocturne, n’apparaissant que comme un observateur qui donne quelquefois le coup de pouce décisif et qui est toujours à l’écoute. Le sujet est bouleversant et le ton utilisé par Seiko Tsuchida, tout en retenu, ne manque pas de toucher et de sensibiliser sur cet enfer qui commence souvent par une simple différence. Il est appuyé par le réalisme sobre du graphisme qui, sans en faire trop, dépeint toute la noirceur de chaque situation particulière. Par ailleurs, la plupart des scènes se déroulant de nuit, le lecteur peut ressentir toute la solitude et les affres qui assaillent Masashi, Shita et Yugô lorsque le jour rassurant cède la place aux ténèbres environnantes faisant écho à leur détresse intérieure.
Détachées de toute grandiloquence, ces Blessures nocturnes forment un témoignage poignant d’une réalité qu’on préfère taire pour ne pas se sentir coupable. A découvrir.