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ncien prof en sciences politiques, Max Collins a rejoint l’équipe de campagne d’un des candidats favoris pour les prochaines élections. Père de famille et mari attentionné, il devrait être comblé. Pourtant la contestation enfle à propos d’un projet de loi sur la propriété et vient troubler la stratégie électorale de son camp. Et surtout, sa fille, bientôt quinze ans, s’oppose à lui en se découvrant une conscience politique. Max est probablement arrivé à un moment charnière de sa vie.
Max, l’apôtre du marxisme du temps où il enseignait, doute d’avoir fait les bons choix. Il se reproche d’avoir laissé de côté les modèles qu’il défendait si fort, par le verbe au moins, pour se laisser contaminer par un système et des valeurs qui n’étaient pas les siennes il y a un couple de dizaine d’années. Il a changé, il a évolué. Il a fui parfois.
De cette chronique réaliste et contemporaine au style simple et adapté (noir et blanc qui joue uniquement sur les trames, « gaufrier » ascétique en terme d’effets, personnages aux épaules basses qui font le plus souvent face à une caméra imaginaire) sourd une série de questions : Sommes-nous toujours rattrapés par nos erreurs passées ? Doit-on se sentir coupable d’avoir changé ?
Sans savoir réellement si l’auteur a voulu livrer un conte moral, il est en tout cas possible de ne pas adhérer à un point de vue finalement manichéen. A moins qu'on soit finalement tombé dans le piège de l'interprétation au premier degré. ici, la jeunesse libre de ses paroles devrait avoir raison car ses intentions sont pures et désintéressées. Par opposition, les décideurs quadras auraient par nécessité tourné le dos aux nobles idéaux et pour cela, entre autre, ils seront châtiés tôt ou tard pour leurs compromissions et leurs trahisons en tous genres (y compris s’ils en sont les première victimes). Sur le terrain (vague) des conflits sociaux, un clivage similaire paraît aussi émerger pour bénéficier d'un éclairage identique. Celui qui place les minorités et leurs revendications légitimes et progressistes face aux hommes politiques, quel soit leur bord, garants de l’establishment et de l’immobilisme qui sert leurs intérêts particuliers.
Et si tout simplement la jeunesse avait moins d’erreurs à se reprocher faute d’avoir eu le temps de les commettre ? Et si les minorités, et autres forces non gouvernementales, jouissaient de la générosité et de l'emphase propres aux modèles théoriques, celles-là même que les réalités de terrain mettent sous l'éteignoir à la première occasion ?
Une idée préconçue vaut bien un cliché.