Résumé: New York, 1977. En service commandé pour le compte d’une famille mafieuse, Big K vient d’exécuter l’un des nombreux contrats qui font l’ordinaire de sa vie de tueur à gages : liquider Pesci, l’un des membres de l’organisation convaincu d’avoir noué secrètement des contacts avec le FBI. Routine, ou presque, pour ce grand escogriffe efficace et froid, que les truands euxmêmes en sont venus à craindre pour son total manque d’affect ; aucun vice ne semble avoir prise sur lui, aucune faille n’est perceptible dans cette cuirasse d’apparence inhumaine… On apprendra pourtant, à coup de flash back-coups de poing, que Big K est le pur produit de la violence de la rue telle que seule New York peut la secréter, y compris à l’intérieur même des familles : enfant, il a vu son propre père tuer à mains nues son frère aîné Jack, lors d’une effroyable crise de rage éthylique…
Naissance d’un nouveau personnage, à la fois tueur à gages et serial killer. La noirceur incarnée.
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ew York, 1977. Frank Kielowski accompagne un nouveau client vers une sortie qui s’annonce très vite définitive. N’oubliant pas de revêtir son ciré de marin jaune afin d’éviter les taches, il élimine soigneusement cette petite frappe qui n’a pas su respecter l’omerta, avant de lui extraire quelques dents à coups de clef à molette : sorte de reçu qui prouvera une nouvelle fois l’efficacité et le professionnalisme de celui que le milieu surnomme Big K !
Situé dans la Big Apple, au temps où la mafia distribuait les contrats à la pelle et où l’avenir de cette jungle urbaine se décidait dans les boîtes à strip-tease, cette saga signée Fabian Ptoma et Nicolas Duchêne ne fait pas dans la dentelle. Ce premier volet invite à suivre le quotidien de ce personnage librement inspiré du parcours de Richard "Ice Man" Kuklinski : un tueur à gages américain qui travailla pour plusieurs familles mafieuses italo-américaines et avoua avoir tué plus de deux cents personnes dans sa carrière, après avoir commis son premier meurtre à l’âge de treize ans.
Froid, méticuleux et impitoyable, Big K est une machine à tuer parfaitement rodée qui aurait pu s’avérer d’un classicisme ennuyeux, s’il n’était doublé d’un psychopathe ayant besoin de pratiquer son art sanguinaire à ses heures perdues. Si le présent propose de suivre une journée de travail de ce personnage qui se dévoile au fil de ses crimes, ce sont néanmoins les flash-backs revenant sur son enfance, qui permettent de mieux cerner cet individu. Installant le lecteur au cœur même du raisonnement de ce serial killer, c’est une narration en voix-off omniprésente qui parachève le portrait surprenant de ce criminel sans pitié.
Malgré une couverture peu attrayante, le dessin de Nicolas Duchêne s’installe au diapason de l’ambiance glauque et sordide développée par le scénario. Brossant un personnage particulièrement sombre, il plante un décor seventies typiquement américain qui distille son lot d'abominations et d’horreurs au fil des pages, le tout rehaussé par la mise en couleurs idoine de Tanja Cinna.
À l’inverse des nombreuses victimes de ce tueur qui ne résiste pas à l’appel du sang, l’amateur de polars noirs sera ravi de faire la connaissance de Big K et se réjouira de cette mise en place prometteuse.