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948, la guerre est terminée. La ville de Berlin, toujours en ruine, est l'objet de convoitises et d'enjeux importants. Son partage marque le début de la Guerre Froide et les Alliés vont devoir montrer leur détermination pour ne pas céder au blocus organisé par les Soviétiques. Un pont aérien se met en place et aux commandes de ces avions se trouvent les pilotes qui quelques années auparavant bombardaient celle qui fut la capitale du IIIe Reich.
Passer d'un one-shot à une série n'est pas une chose aisée, pourtant Marvano y parvient en focalisant son propos autour d'une ville et de ce qu'elle a représenté à plusieurs moments clés de l'Histoire Européenne : capitale Allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale, début de la Guerre Froide avec le blocus aérien et enfin la construction du tristement célèbre mur en 1961 à l'apogée des relations tendues entre l'Est et l'Ouest. Ici, c'est le personnage de Stuart qui fait le lien : il fut le seul rescapé de l'équipage du Lancaster disparu en rentrant de mission et se retrouve maintenant à assurer les liaisons du pont aérien, avec une certaine dose d'humanité puisqu'il est « le capitaine chocolat », surnom acquis en lâchant des bonbons en direction des enfants Berlinois.
Reinhard le goupil est bien différent des Sept Nains tant sur le fond que sur la forme. Ce deuxième tome se veut plus didactique, il suffit de regarder les différentes pages explicatives pour s'en rendre compte. L'album oscille donc entre l'histoire de Stuart malheureusement moins aventureuse que dans le premier et un précis historique certes intéressant mais nuisant au rythme du récit. Le personnage de Reinhard, prétexte aux explications concernant les anciens scientifiques nazis récupérés par les deux camps manque d'envergure jusqu'au dénouement sans grand intérêt.
La forme est également bien distincte, le trait de Marvano est plus souple, moins anguleux et moins chargé. Son dessin a gagné en souplesse et le changement de technique, de la plume au pinceau, se ressent au fil des pages, il a évolué vers un ensemble plus épuré, plus simple. Il se rapproche ainsi de caractéristiques plus contemporaines.
Cette idée d'un triptyque sur Berlin était prometteuse, mais ce deuxième tome déçoit par un scénario parfois ennuyeux ne trouvant pas sa place entre cours d'histoire et petite aventure. A trop vouloir en dire, Marvano a fini par diluer son idée et la vider de ce qui aurait pu la rendre captivante. Le troisième tome centré sur la construction du mur devrait être plus captivant.
Les avis
voltaire
Le 04/05/2008 à 19:36:29
Deuxième album de cette série doint la seule véritable héroïne est Berlin.
Cette fois-ci c'est le blocus de 1948 qui sert de toile de fond à l'histoire.
Par rapport au précédent ce livre est en net retrait pour plusieurs raisons:
1/Pagnol dans une de ses préfaces pour "les marchands de gloire" parlait de la nécessité d'identification du spectateur ce qui entraînait d'avoir des personnages un tant soit peu positifs. Ce n'est pas le cas ici.
Même ce pauvre Stuart n'est qu'un grand benêt, attiré par l'argent, loin de tout idéalisme même s'il est le "commandant bonbon". Et ce n'est évidemment pas Reinhardt avec qui l'on peut se sentir en phase. Quant à Helena, la seule a avoir une "dimension", elle est trop faible, trop meurtrie pour que cette identification reste positive.
2/Le récit fait preuve de trop de "salgarisme". Comme dans les romans du Jules Verne italien, il s'interromp brutalement pour nous parler de l'Histoire (c'est intéressant mais cela coupe l'histoire [avec un petit h]). Les placer au début du livre ou en annexe eût été, me semble-t-il, plus astucieux.
Au final, c'est une petite déception car cette histoire de trafic entre l'est et l'ouest, ces aveux de compromissions pour gagner la "guerre froide", étaient forts et prenants. Un bel album tout de même qui ne tient pas complètement ses promesses.