Résumé: Benjamin est orphelin et s'ennuie dans la maison de sa tante. Dans la bibliothèque, il rencontre Lord Schenbock, le fantôme de son oncle, qui peut littéralement plonger dans les livres et modifier leurs histoires. Benjamin le suit alors dans différents romans. Mais chacun a son méchant et ils finissent par poursuivre le duo qui doit trouver des alliés.
L
ord Schenbock est mort et hante désormais sa propre demeure. Enfin, pas toute la demeure puisqu'il doit rester dans la bibliothèque, pièce où se trouve la statue de Bastet, déesse égyptienne de la joie, de la musique et du foyer. Tout cela serait bien triste si cette dernière ne semblait conférer à l'ancien maître des lieux de drôles de pouvoirs. Elle le protège des «emplumés» qui tentent de le ramener dans le royaume des morts et, surtout, lui offre la possibilité de se plonger dans les livres ! Un privilège qu'il compte bien partager avec son neveu orphelin, le jeune Benjamin Blackstone, fraîchement débarqué dans la maison familiale. Car avant de (peut-être) lui en dire plus sur la mort de ses parents, son fantôme d'oncle aimerait comprendre comment et pourquoi le garçon est le seul à le voir.
Mené à 200 à l'heure, plein d'humour et de clins d'œil, L'île de la jungle installe un univers déjanté en quelques planches. Il faut dire que l'idée de départ - si elle n'a rien de totalement nouveau - est clairement enthousiasmante : pénétrer et prendre part aux aventures des classiques de la littérature. De Kipling à Stevenson (le titre en est un beau mélange), en passant par H.G. Wells ou Schwob, la matière est impressionnante, les possibilités nombreuses et surtout éminemment grisantes. Autour de cet axe, le passé du jeune héros et notamment la disparition de ses parents sont évoqués tout comme les antécédents de Lord Schenbock avec plusieurs protagonistes qui lui valent certaines inimitiés. De quoi promettre, pour la suite, quelques péripéties et révélations intéressantes. François Rivière et Nicolas Perge - dont c'est la première apparition dans le monde de la bande dessinée - ont donc concocté un scénario qui marie leur domaine de prédilection respectif. Le vécu et les références littéraires du premier viennent nourrir le savoir-faire narratif (acquis entre autre dans l'audiovisuel) du second pour accoucher d'un mélange détonant. La personnalité exubérante du défunt opposée à celle, renfermée, de l'enfant, mais aussi Charmante, la chienne, Mrs Tumble, l'intendante ou encore la tante mondaine, la caractérisation de chaque personnage est réussie. Toutefois, il convient de citer le (seul) bémol : l'atout que représente le rythme effréné peut s'avérer également être le principal écueil à une totale immersion. En effet, le nombre élevé d'ellipses risque de dérouter le lecteur et nuire à la fluidité de l'ensemble.
Pour habiller cette histoire, Javi S. Casado les accompagne. Lui aussi novice dans ce medium, le dessinateur catalan livre une prestation convaincante. Trait vif et stylisé, découpage étudié, son approche informatique est en totale adéquation avec le ton de ses compères. Son travail sur les couleurs constitue, quant à lui, une vraie plus-value narrative grâce à quelques trouvailles bienvenues pour illustrer le grain de folie de l'oncle, participer au dynamisme mais aussi mettre en valeur les décors et les scènes d'action.
Album original par son mélange des genres et sa nervosité, L'île de la jungle est une bonne entrée en matière autant pour ses auteurs que pour leur nouveau héros. Espérons qu'avec le deuxième tome, La mystérieuse Odyssée de la clé perdue, la frénésie d'aventures laisse la place à une série de révélations propices à convaincre définitivement. Le plaisir pris et le potentiel aperçu le méritent amplement.
Les avis
Erik67
Le 22/12/2020 à 08:43:17
Je n'ai guère aimé les aventures de ce jeune Benjamin Blackstone, jeune héritier qui passe de résidence secondaire d'Australie à l'Angleterre.
On va avoir droit à un mélange plutôt indigeste entre la jungle de l'Inde façon Kipling et les légendes nordiques. Par ailleurs, notre jeune héros est accompagné par le fantôme de l'un de ses ancêtres. On aura même droit à une espèce de tripode digne de la guerre des mondes. Bref, cela ne le fait pas car c'est trop fouillis. Par ailleurs, les dialogues ne m'ont pas du tout convaincu.
Pour autant, rien à redire sur le dessin qui est assez lisible et sympathique. Cela rend la lecture plutôt sympathique surtout pour les plus jeunes.