Résumé: Bilel est un jeune adolescent, qui se fait appeler Békame, comme son idole, le footballeur anglais. Il est arrivé clandestinement en France, pour tenter de retrouver son frère Ahmed, qui y réside depuis deux ans. Ils ont le projet de partir en Angleterre, tous les deux.
Pour le moment, entassés dans un hangar et dépouillés de leurs papiers, les clandestins sont à la merci des passeurs. Errant dans la ville, il fait la rencontre de Victor, un jeune punk débrouillard, qui lui apprend quelques combines et lui fait passer une nuit dans un squat où traînent de nombreux SDF.
Le lendemain, semant ses vignettes Panini au gré du hasard, comme pour envoyer un message à son frère, il est attiré par des gamins disputant un match de foot. Leur entraîneur, M. Assane, lui-même issu d’une famille immigrée, accepte de le prendre chez lui et de l’aider à retrouver son frère.
Bilel y parvient enfin, au détour d’une rue, mais la rencontre est brutale car Ahmed (alias « Patrick ») travaille avec les passeurs…
Des ateliers clandestins aux campements sauvages d’immigrés, en passant par le trafic d’humains, Bilel découvre les conditions impitoyables de ces gens qui ont quitté la misère de leur pays pour en trouver une nouvelle, dans une société déshumanisée et bien sombre
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ne camionnette roule dans la grisaille pluvieuse des abords de la Manche et s’arrête devant un gigantesque bâtiment. Terminus. Ça gueule : « Allez hop, on descend, on descend. This way, go this way ! Hurry ! ». Les trafiquants détiennent les passeports de pauvres hères venus d’un peu partout dans le monde qui obtempèrent sans opposer trop de résistance. Parqués dans un entrepôt, l’un d’eux parvient toutefois à s’échapper. Il s’agit d’un gamin, Bilel, parti à la recherche de son frère.
Le contexte et l’atmosphère font penser au film Welcome de Philippe Loiret, mais aussi à la dimension sociale que peut donner à ses films un réalisateur comme Ken loach. Les auteurs ont mis un peu de tout ça dans leur bande dessinée, il faut dire que Jeff Pourquié (Vague à l’âme) s’y entend pour donner à son dessin, et notamment à ses couleurs, ce qu’il faut de spleen et d’amertume. Vu la gravité des thèmes ici traités (immigration, traite humaine, …) et la volonté manifeste du scénariste, Aurélien Ducoudray, de ne pas verser dans une approche édulcorée de son sujet, l’association des deux hommes s’avère judicieuse, pour ne pas dire heureuse.
Bilel est un adolescent paumé mais débrouillard. Perdu, il va errer, galérer au fil des rencontres, tout en évitant les pires plans, pour finalement, grâce à sa passion pour le football, tomber sans le vouloir sur un homme qui va l’aider dans sa quête. Quelques beaux passages qui donnent à croire en l’humain vont suivre, mais la réalité va violemment s’immiscer dans cette parenthèse de stabilité pour déstabiliser le lecteur et le gamin. En dire davantage serait trop en dévoiler.
Fruit de deux auteurs qui se sont indéniablement bien trouvés sur ce projet, ce premier tome du diptyque est dense et riche en promesses. Puisse la conclusion être du même tonneau, elle est sur de bons rails !
Les avis
Erik67
Le 23/11/2020 à 18:42:04
Békame est le récit d'un jeune clandestin en France qui essaye de survivre. Quoi de plus normal pour un être humain que de vouloir de meilleures conditions de vie? Les tenants d'une certaine idéologie auront du mal à admettre cette simple idée qui devrait appeler à plus d'humanisme et de compréhension. D'autres penseront qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Il est vrai que ces immigrés vivent dans des conditions particulièrement difficiles avec par exemple les maltraitances que leur font subir les passeurs.
Cette bd en est d'ailleurs le témoignage à travers un jeune garçon d'origine arabe et qui est passionné de football. C'est comme une descente aux enfers avec beaucoup de désillusions. Fuir une forme de misère pour en rencontrer une autre tout aussi sordide. Je n'ai pas trop aimé le crayonné qui m'a un peu gâché le plaisir de la lecture. Une bd assez sombre sur une France déshumanisée.