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La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie » a dit Ludwig van Beethoven. De lui, il reste sa musique dont son hymne à la joie devenue étendard sonore européen ( dans une version revue par Herbert von Karajan en 1972) et repris sans cesse par différents musiciens d’horizons différents comme le groupe de J-Rock X Japan. Sa musique a aussi été influente pour la littérature et le cinéma, offrant des moments cultes dans le film Orange Mécanique de Stanley Kubrick.
Mais qui était Beethoven l’homme ? Quelle est son histoire ?
C’est à ces questions que le manga de Natsumi Mukai se propose de répondre. Ce one-shot est sorti en 2011 au Japon. Il appartient à la collection les grands noms de l’histoire en manga de l’éditeur Poplar Publishing, publié en France par Nobi !Nobi ! Le principe de cette collection est des plus simples : rendre accessible la vie d’une personnalité qui a marqué l’histoire du monde. Noble ambition que la vulgarisation scientifique, d’autant plus que l’éditeur souhaitait des mangas ouverts à tous, jeunes comme adultes.
Cette accessibilité est possible grâce à un énorme travail de scénarisation réalisé par la mangaka. Celle-ci a déjà travaillé pour cette collection et est rodée à l’exercice. Toutefois, pour son Beethoven, son travail est supervisé par Yamaha Music Media qui lui a permis d’accéder à de nombreuses informations. Ainsi, elle arrive à suivre la vie du musicien, en insistant sur des moments-clefs pour éviter une exhaustivité qui pourrait être rébarbative pour les plus jeunes. Pour y parvenir, la scénariste use de plusieurs anecdotes en lien avec les œuvres du compositeur. Les lecteurs apprendront d’où vient le célèbre « tin tin tin tiiinnnn » ouvrant la 5ème symphonie que Ludwig nomme le destin qui frappe à la porte. De plus, l’autrice mêle avec efficacité le contexte géopolitique de l’époque, qui a eu de nombreuses conséquences sur la vie du musicien. Cet homme qui « aim[ait] par-dessus tout la liberté » tombe en admiration devant Bonaparte à qui il dédie dans un premier temps sa troisième symphonie. Lorsqu’il apprend le sacre impérial par lequel le général devient tyran, il raye le nom et écrit à la place héroïque. L’album est truffé d’informations de ce genre, ce qui le rend digeste et savoureux. De même, et l’anecdote est célèbre dans l’histoire de la musique, son unique rencontre avec Mozart est relatée. Envoyé à Vienne pour y étudier la musique par le Prince-électeur Maximilien François-Xavier, Beethoven y est testé par l’autre génie de la musique. Afin de l’impressionner, le jeune Ludwig joue un morceau de Wolfgang, ce qui laisse ce dernier totalement de marbre. Beethoven décide alors de se lancer dans une improvisation qui touche son auditeur. Malheureusement, personne n’a su ce qu’a réellement pensé Mozart sur le moment.
Le style graphique est l'autre atout de ce manga fidèle aux canons esthétiques qui perdra le jeune lectorat. Les décors sont pauvres, mais le design des personnages est agréable. Les plans misent sur l’action et le découpage des planches est efficace. Cela donne un rythme indéniable au récit. La partie manga se terminant par un dessin reprenant l’un des plus célèbres tableaux représentant l’artiste.
Le dernier élément remarquable de l’ouvrage est la partie titrée « Pour en savoir plus », point fort de collection. Ici, le lecteur pourra pousser plus loin ses connaissances à l’aide de cartes pour localiser les actions, mais aussi grâce à de brèves biographies des musiciens qui ont croisé la route de Beethoven. Ensuite, il y a une explication de sa musique et de l’importance de la neuvième symphonie au Japon (qui y est toujours joué pour le changement d’année), suivies d’informations sur les instruments utilisés. Le manga se conclut sur une chronologie des évènements.
Ce Beethoven de Natsumi Mukai remplit le cahier des charges de cette collection. A la fois ludique, amusante et passionnante, son lecteur fermera l’album grandi par les informations reçues. Une initiation à la biographie intéressante et réussie sur un homme qui, malgré son handicap, a révolutionné la musique, assurant la transition entre le style classique et le romantisme . Cet homme a surmonté de nombreux obstacles pour illuminer de sa musique et non de son génie car comme il aimait à le dire : « le génie c’est 5% d’inspiration et 95% de transpiration ».